- Prêt ?

J’avais envie de crier que non, je ne l’étais pas, mais c’était trop tard. Ce fameux jour était enfin arrivé, et il était presque 18h, il ne restait donc plus que quelques minutes avant l’ouverture du Dreams’ Bar. Je ne voulais pas l’admettre mais je stressais, après tout, on n’ouvre pas son propre bar tous les jours. Le vieil homme en face de moi attendait certainement une réponse, mais je n’allais pas encore lui fournir, il allait devoir attendre encore quelques instants, le temps que je jette un dernier coup d’œil à la salle. Apparemment, tout était en place, mais j’avais l’impression que quelque chose n’allait pas sauf que je n’arrivais pas à savoir quoi. En plus, j’étais plutôt fier de moi pour la décoration. Ça m’avait pris beaucoup de temps, mais j’avais fait les choses selon mes goûts, et ce qui me plaisait le plus, c’était que le bar était devenu l’opposé de ce qu’avait voulu Calcifer. Il aimait le feu, évidemment, et il voulait que le bar fasse penser à des flammes. J’ai plutôt opté pour ma couleur préférée, le bleu, et le noir. Pour ajouter un peu de lumière, j’ai parsemé le plafond d’étoiles phosphorescentes et voilà, pour moi, c’était largement suffisant. John Hathway, le vieil homme, avait lui aussi approuvé mon choix. Je n’aurais jamais imaginé rencontrer un homme d’une telle gentillesse sur cette île. Il était Américain, comme moi, avait dans les soixante-dix ans et était le propriétaire de l’appartement que je louais. Il était arrivé sur l’île au moins cinquante ans avant moi, et pour cette raison, j’avais une entière confiance en lui. Lorsque je lui avais parlé de mon souhait d’ouvrir un bar, il a tout de suite cherché à m’aider et il a réussi à trouver cette salle qui d’après lui était très bien située. Tant mieux, parce que j’avais peur que mon bar coule juste après son ouverture, mais il m’assurait le contraire, et je lui faisais confiance.

Tous les deux, on avait fait des tracts, collé des affiches, fait de la pub un peu partout… Les affiches comportaient l’offre : « le premier verre offert ! », et j’avais même été jusqu’à rajouter « un verre acheté = votre nom dans la loterie ». J’avais aussi précisé que je comptais faire un tirage au sort, où le gagnant remporterait un cadeau. J’allais tenter, et puis après tout, si mon bar ne marchait pas, tant pis, je ferais autre chose. "Tu vas t’en sortir ?" Ça, je n’en avais aucune idée, mais le moment était venu et je me suis tourné vers M.Hathway. Accoudé au comptoir, un sourire aux lèvres, il devait se douter de l’état dans lequel je me trouvais, mais malgré cela, je n’ai pas osé parler de peur de laisser paraitre mon angoisse, alors j’ai simplement hoché la tête. Il est allé ouvrir le store et j’ai pu voir les passants, qui marchaient sans se soucier de rien, sans même se douter de tout ce qui se jouait pour moi en ce moment même. Le vieil homme m’a lancé un sourire, qu’il voulait sans doute rassurant, mais qui a seulement réussi à me mettre encore plus mal à l’aise. D’un coup, tout m’a paru déplacé, les étoiles, les tables, les murs, même ma tenue, une chemise et un pantalon noirs avec une étoile blanche sur la poche arrière droite. Mais je savais que tout ça était seulement dû à mon stress, alors j’ai regagné ma place, derrière le comptoir.

- Prêt ! ai-je murmuré pour me donner du courage.

Aujourd'hui, j'ai envie de dire qu'la vie est belle. Attendez, ça me ressemble pas, vous trouvez pas ? Bon, d'accord, j'irais pas jusqu'à me mettre à le chanter sur tout les toits ! Mais la journée, globalement, n'a pas été si mauvaise que ça, y'a eu pire ! Pourtant, aujourd'hui n'a rien de spécial. Il ne fait pas spécialement beau, je n'ai rien fait qui mérite de l'attention...Ah. Si, aujourd'hui, j'ai découvert que je faisais des éconnomies. Et ça c'est scoop, parce que ce mot, je l'utilise vraiment pas souvent. Oui, je suis nulle en éconnomie. Mais j'ai découvert que je m'enrichissais. Explication: j'ai un job, j'ai un logement de fonction, ce logement de fonction est totalement prit en charge par l'établissement. Je ne paye RIEN. Presque rien. Et comme je ne dépence rien en dehors de la bouffe -presque rien-. Eh ben je GAGNE de l'argent. Si ça c'est pas carrement fabuleux ! Pour fêter ça, je pense que je vais justement me délester les poches. Comprenez, aller dépenser. Oui, je suis logique. Je demanderai à mon psy si j'ai réellement un problème avec l'argent. Je pense pas. C'est juste que plus t'en as, plus t'as de chance qu'on t'en pique ! Alors que si tu le fais circuler, comme moi, tu contribues au bon fonctionnement des marchés ET tu t'fais plaisir. Non, j'pense que c'est pas une mauvaise solution. L'ennuie, c'est que j'ai déjà vraiment, vraiment beaucoup de vêtements. Que j'en ai pas besoin et que j'ai pas envie d'aller m'exposer aux regards inquisiteurs des vendeuses de boutiques, j'ai la quote chez les vendeurs, mais leurs collègues féminines ont toujours un mot désagréable pour moi, c'est pénible. J'ai besoin de rien et j'ai pas la place d'ammacer des tonnes d'objets inutiles que je finirais par perdre, donner ou casser.
Il fait plus frais, on le sent vraiment. C'est agréable, ce vent un peu mordant. J'aime bien jouer à la frileuse, j'peux porter mon superbe blouson-en-vrai-cuir-qui-m'a-couté-une-fortune. Par contre, c'est col-roulé obligatoire, je m'enrhume trop facilement. J'pourrais porter des couches et des couches de laine, j'aurai toujours froid. D'abord, c'est impossible de se mettre quelque chose sur le nez en automne, faut pas exagèrer, j'peux pas dire que j'aime les petits vents frais et me plaindre de choper froid pour rien ! J'y survivrai. Dommage que je me sois coupé les cheveux, c'est utile, pour les oreilles. Et enfin, troisième endroit critique. Les mains. J'pourrais jamais acheter un manteau sans poches. J'ai constament les mains froides. Il me faut un collection de gants. Dès qu'il caille, j'ai l'impression de ne plus sentir le bout d'mes doigts, c'est effrayant. Tout ces petits désagréments mit de côtés, rien ne m'enlèvera mon sourire. Je soupçonne Ambre de m'avoir contaminé. Tout le monde sait qu'la bonne humeur, c'est contagieux. C'est pas trop désagréable comme maladie. Le bonheur améliore le teint. Il paraît qu'on est plus beau heureux, nan ?
Je pourrais m'inviter au resto' ? Mais c'est triste, manger toute seule dans un endroit où les gens chuchotent. J'ai pas envie d'être seule. Si je suis sortie, c'est justement pour voir du monde ! Et puis, j'me suis suffisamment empiffré au matsuri, on va mettre la pédale douce sur l'alimentation. Je risque rien, c'est évident. Seulement...j'ai pas envie, c'est tout. J'veux continuer sur ma bonne lancée et me faire encore des amis. J'aurais du demander à Ambre si elle faisait quelque chose. Peut-être que si j'vais me balader au cimetière, je croiserais Yukino ? Elles me font sourires. Cela dit, les rues sont un peu désertes. Les momes sont rentrés se mettre au chaud, et il est encore un peu trop tôt pour "sortir". Tant pis, je suis dehors, j'y reste, si j'arrête de marcher, je vais geler. Les nocturnes ne sortes que vers 19h, par là...Il est, à l'iPhone d'Ievan, 18h pile. La loose. Les bars ouvrent à quelle heure ici ? C'est même pas la peine de penser à aller en boite, rien ne sera ouvert. Heureusement que les centres villes sont très peu souvent mort -je parle des cas de jours fériés caniculaires vers 14h30..-. Une place, une fleuriste, des restaurants, un bar où je ne mettrais plus les pieds et...Oh. Quelque chose que je ne connais pas. Le "Dream's Bar" selon l'enseigne. Eh ben, va pour ce truc !

…

C'est plutot pas mal. Je suis totalement en phase 'vec leur décorateur. Le bleu est la plus belle couleur du monde ! L'ensemble plutot sombre est éclairé par des étoiles, au plafond. La lumière est très douce, rendant l'endroit tout de suite agréable. Pas encore de musique, trop tôt. Et une petite affiche, là bas, que je m'empresse d'aller lire. J'ai le nez dessus, parce qu'avec la lumière, on voit franchement pas clair... Ah ! C'est l'inauguration, v'là pourquoi je ne connaissais pas encore les lieux. Bon, je vais quand même allez m'assoir quelque part, au lieu de fouiner. Heureusement que j'chuis assez discrète. Pas trop bruyante non plus. Très honnêtement, si l'ambiance est bonne, je reviendrai. Il est un peu tôt pour jurrer, mais j'ai déjà un avis favorable.

- ...vous avez quel âge? Vous me semblez jeune pour ouvrir un bar quand même. Enfin, je trouve.

Y'a déjà des gens. Enfin, la jeune fille qui vient de parler, un vieux que je n'avais même pas vu et le barman...qui fait au moins 2 mètres. 'tain, y'a pas idée d'être aussi grand. Heureusement que le plafond est pas trop bas ! En tout cas, elle est marrante, l'autre. S'il tient le bar, c'est qu'il a l'age ! Ça me paraît logique, à moi. Je pense qu'il est juste barman, pas proprio. J'y vois mieux le vieux ! Il doit faire des études en dehors, ou vivoter, comme moi. C'est pas mal comme job', parfait pour sa vie sociale ! Mais extrêmement fatiguant, dans certain cas. Le serveur est un nocturne, il dort le jour et bosse la nuit ! Et vit...dans ce qui reste entre les deux ! Je m'approche, histoire de pouvoir entendre la réponse du serveur, qui risque d'être amusante, et pourquoi pas, participer à la conversation ! J'adore les sièges super hauts de ce genre d'établissement. C'est à peu près comme si t'étais debout, mais assis ! Ils ont pensés à les espacés, pour que la clientèle ne se mettent pas à jouer des coudes dès qu'il y a un peu de monde. Il a l'air un peu stressé, normal, pour un premier jour. Mais être immense et avoir l'air gêné, c'est amusant ! Surtout quand on se fait questionner par quelqu'un qui a l'air bien plus jeune. Le pauvre, je compatit. J'me demande ce que je vais boire...arf, je verrais bien ce que commande ma voisine, boire à 18h, ça fait un peu saoularde...

Et voilà, le bar était ouvert et il ne manquait plus qu’une chose : les clients. Tout se bousculait dans ma tête, je n’arrivais plus à réfléchir normalement. J’étais impatient, je voulais absolument voir des clients arriver, mais en même temps, j’étais terrifié et je n’avais aucune idée de comment j’allais pouvoir réagir. M.Hathway affichait toujours son sourire « tout va bien se passer » et c’est fou comme ce sourire arrivait à me convaincre du contraire. Du coté de Calcifer, je n’ai pas trop compris pourquoi, sur le coup, mais il s’était mit à chanter. Une chanson que je ne connaissais pas et, plutôt étrange de sa part, pas trop désagréable. Bon, on ne peut pas vraiment dire que c’était joyeux, ça parlait de morts qui étaient devenus des démons pour pourchasser leur meurtriers avant de leur infliger milles tortures et de les laisser mourir, mais au moins, il n’était pas en train de se moquer de moi, ou pire. Je me suis demandé si c’était pour ça qu’il avait passé un pacte avec moi, pour se venger, mais il n’avait jamais rien voulu me dire sur son but et ça n’allait surement pas changer simplement parce que j’ouvrais un bar. Pour oublier mon stress, j’ai fini par me concentrer sur la chanson, les yeux à moitié fermés. C’est pour ça que je ne l’ai pas vue entrer, elle, ma première cliente.

C’est seulement lorsque qu’elle est arrivée au comptoir que je l’ai remarquée. Quelle a été ma première réaction ? Un sourire. Un grand sourire, celui que j’avais toujours lorsque je travaillais. C’était étrange, mais il était naturel. Je pouvais être l’homme le plus malheureux du monde, à partir du moment où j’apercevais des clients, ce sourire apparaissait, la plupart du temps, sans même que je m’en aperçoive. J’ai quand même eu un choc en voyant que ma première cliente était une jeune neko. Une gamine de 14 ou 15 ans ! Je n’avais pas dépassé ce stade depuis longtemps, d’accord, mais à son âge, je n’allais pas tout seul dans un bar, et encore moins alors qu’il venait d’ouvrir, à peine quelques minutes auparavant. Le fait qu’elle soit une neko ne me dérangeait pas, mais je n’avais jamais parlé avec quelqu’un de cette race. Pourtant, en dehors de leur apparence, les nekos devaient ressembler aux humains, non ? Mais cette neko là avait un coté vraiment inhumain… Contrairement aux nekos « normaux », celle-là avait, en plus des oreilles et de la queue de chat, des ailes dans le dos ! Sans parler de ses cheveux blancs et ses yeux rouges… Oui, elle avait un coté terrifiant, je l’admets, mais c’était quand même ma première cliente ! Je me suis demandé ce qu’elle allait commander, parce que je n’en avais aucune idée, mais elle m’a simplement demandé les boissons que j’avais. Qu’est-ce que je pouvais lui répondre ? Pour toi, ma petite, ce sera juste un verre de jus d’orange ? J’avais le pressentiment qu’elle le prendrait mal… Alors j’allais tout simplement lui donner la carte, il y en avait sur toutes les tables et quelques unes sur le comptoir, mais apparemment elle ne les avait pas vues, pour qu’elle fasse son choix, mais elle n’a même laissé le temps de faire quoi que ce soit.

- Excusez-moi si je suis trop indiscrète mais, vous avez quel âge? Vous me semblez jeune pour ouvrir un bar quand même. Enfin, je trouve.

Au même moment, une jeune femme est entrée dans le bar, suivie de près par un groupe de trois hommes, ayant tous à peu près la quarantaine. Alors comme ça la neko, voulait connaitre mon âge… C’est vrai que si j’avais été japonais, je n’aurais pas pu ouvrir ce bar, mais étant Américain, j’étais déjà majeur. C’est aussi vrai que j’étais plutôt jeune pour être propriétaire, mais grâce à l’argent que j’avais reçu… Mon sourire a faibli en repensant à ce qu’on pouvait résumer comme ça : J’ai tué ma copine --> j’ai reçu plein d’argent. Avant de me replonger dans ces mauvais souvenirs, j’ai attrapé une carte et je l’ai tendue à la fille. Je ne peux pas la réécrire complètement, mais en voici une partie :

Je précisais aussi que le « Dreams’ Cocktail » était à venir. J’espérais faire quelque chose d’inoubliable, mais je n’avais toujours pas trouvé quoi.
J’espérais que la neko trouverait son bonheur là-dedans.

- J’ai 20 ans, lui ai-je répondu avec un grand sourire, c’est vrai que ça doit faire jeune pour le Japon.

Bon, d’accord, je n’avais pas encore 20 ans, mais les détails ne sont pas vraiment importants… Les trois hommes s’étaient installés à une table tandis que l’autre fille s’était rapprochée du comptoir. J’ai été choqué en voyant ses vêtements, mais elle avait froid ou quoi ? En jetant un coup d’œil dehors, je me suis rendu compte qu’il venait de se mettre à pleuvoir, pour la température, je ne pouvais pas savoir, mais j’imaginais qu’elle ne devait pas être très haute. J’étais donc le seul à crever de chaud… M.Hathway, que j’avais presque oublié, avait changé de sourire, là, il voulait plutôt dire « Tu vois bien que tu n’avais aucune raison de t’inquiéter ». Il avait surement raison…

- J’ai 20 ans, lui répondit-il avec un grand sourire, c’est vrai que ça doit faire jeune pour le Japon. 

Pourquoi "pour le Japon" ? J'ai remarqué que l'archipel a beaucoup d'influence sur ce cailloux. Dans le style, la nourriture et enfin et surtout, le nombre de gens parlant japonais est juste a-hu-rri-ssant. C'est la langue la plus parlé ! Après viennent l'anglais, le français et l'allemand. J'trouve ça plutôt joli, même si j'y comprends rien du tout. C'est tellement éloigné de l'anglais ou du français...De l'anglais, pas tellement. Enfin si, mais j'ai l'impression qu'ils adorent employer des mots anglais. Avec l'accent jap' ça ressemble plus à rien mais c'est vraiment...vraiment trop mignon. Au fait, voilà une adepte du cosplay. Ah oui, parce que désolée, mais encore, les lolitas, je comprends parfaitement, -j'adoooooore leurs robes- mais les oreilles et la queue de chat, ça fait très naturel alors j'ai le droit d'appeller ça du cosplay, ce qui n'a rien de péjoratif, cela dit. Et puis ça lui va plutôt bien d'ailleurs, à ma voisine. On voit même pas son serre-tête. Ça m'a l'air tout doux...presque vraie ! Ses fausses oreilles sont blanches, sur ces cheveux décolorés, ça rend un max ! Autre chose, leurs trucs, c'est pas d'la camelote. On finit par s'habituer à voir des vampires, des chats, des anges, des cyborgs, des lapins, des extraterrestres en pleine rue. Ce qui est vraiment frappant, c'est qu'ils sont tous supers réalistes ! Je sais pas où ils commandent tout ça, mais j'veux bien leurs adresses. Marilyn aussi avait des lentilles rouges qui ne faisaient pas pochette surprise. La science se serait-elle amélioré dans c'domaine ? Boarf. C'pas des oeuvres immortels. Mais c'est essentiel, quand t'es chanteur d'visual rock...

- Je prendrais un cocktail litchi, merci. Et désolé pour la question c'est vrai que c'était idiot de ma part. Et puis en y pensant, moi aussi je parais jeune pour "aller" dans les bars donc ma question n'était pas adaptée à la situation.

"J'te le fais pas dire !". C'est sûre qu'elle fait quand même très jeune. Mais pas tellement en fait...dans sa manière de parler -elle a l'air grave, presque sentencieuse- et de bouger. Dans sa manière de ne pas bouger, rectification. Elle a l'air totalement blasé, ou exténué, je sais pas. Comme quelqu'un qui a tellement vu que rien ne l'impressionne et qui sait très bien, qu'il ne pourra rien faire pour ce qu'il a vu. Elle a l'air vieille et pas vraiment heureuse. Oups. J'dois penser trop fort. Parce qu'elle vient d'me lancer un regard...pas très amical. En même temps, c'est dur d'avoir l'air gentille avec des lentilles rouges sangs. On fait moins humain d'un coup. Mais mais mais, j'lui ai rien fait quoi ! Boarf, qu'est ce qu'on s'en fout, aujourd'hui, c'est une bonne journée, j'chuis cencé être dans ma passe "Le soleil brille, les oiseaux chantent !" Sans le soleil et sans les oiseaux. Ah oui, parce qu'en plus maintenant il pleut. Si c'est pas parfait ça ! Maintenant chuis coincée ici. Ben évidement, hors de question que je mouille, je m'enrhume vite, vous vous souvenez ? Y'en a qui suivent vraiment pas...
J'ai dit qu'on s'en foutait. Tout l'monde il est beau, tout l'monde il est gentil. Et le barman, lui, cummule beau et gentil. Parce qu'il est plutot pas mal en fait, dans le genre...sportif ? Mvoui, 2m et des épaules comme ça, on peut difficilement les cacher. Mais ces ch'veux noirs en bataille, ça lui donne un petit coté ténébreux, c'pas pas mal aussi. J'avais pas remarquer jusque là, il a des yeux très bleu. Clairs. Presqu'autant que les miens. J'ai toujours vécu ça comme un désavantage, mais chez les autres, ça n'a rien de disgracieux ! N'empêche, j'ai d'la sympathie pour lui. Certes, on ne se connait pas. Mais je n'ai pas croisé beaucoup de gens d'à peu près mon age qui ai les mêmes yeux occupant une profession que je connais très bien ! En plus, c'est mon jour de bonne volontée. J'ai l'droit de lui trouver un bon potentiel sympathie.

- J'prendrais un coca avec une tranche de citron s'il te plait. Donc, si je comprends bien, tu as 20 ans, tu n'es ni d'ici, ni japonais et c'est ton premier jour dans ce tout nouveau bar ?

Oui, ça fait beaucoup d'questions d'un coup. Pas ma faute, c'est lui qui laisse filer des infos comme ça. Et au final, avec un sourir engageant, ça passe moins pour un interrogatoire, non ? J'essaye d'être sociable, j'fais ce que j'peux. De plus, j'adore le coca. Oui, j'pourrais être américaine -d'adoption-, je suis super que je ferais un bon cliché. En tout cas, si je ne fais pas gaffe, j'aurais toujours cet accent. Au final, je l'aime. Tout l'monde est "original", j'ai pas à redevenir standart !
Ah. Y'a de nouveaux gens, je crois reconnaître la douce voix du surveillant général. Pitié, par tout les dieux d'la galaxie, faite que ce soit pas lui ! Je ne peux pas blairer ce type. Et franchement, j'ai du mal à croire qu'il puisse trainer dans un endroit cool. Ça ne va pas avec le personnage. Quoi ? J'exagère ? Non, j'ai en horreur la quasi-totalité de l'administration. Oui et ? On va pas s'marrier. Je peux pas les sentir, c'est tout. Après, j'fais bien mon boulot, évidement. Mais aucune envie de les cotauyer en dehors des heures de travail ! Si ça se trouve il est avec des amis -ce genre de chose peut avoir des amis ?- donc il ne m'a même pas reconnu. Et avec un peu de chance, ce n'est même pas lui.

-Je prendrais un cocktail litchi, merci, commanda la jeune neko, et désolé pour la question c'est vrai que c'était idiot de ma part. Et puis en y pensant, moi aussi je parais jeune pour "aller" dans les bars donc ma question n'était pas adaptée à la situation.

"Tiens, cette fille lit dans les pensées ?" C'est exactement ce que je me suis dit à ce moment là. J'avais justement pensé qu'elle était trop jeune, juste avant, et j’espérais réellement que ce n’était qu’une coïncidence. Je savais que plusieurs personnes possédaient le pouvoir de lire dans les pensées et ce pouvoir me faisait particulièrement peur. Mes pensées étaient déjà constamment épiées par Calcifer, alors je n'avais pas besoin d'une autre personne ! Ce que je vais dire est un peu ridicule, mais c’est ce que j’ai toujours fais, quand j’avais l’impression qu’on espionnait mes pensées. Bien sûr, j’avais déjà essayé de penser à n’importe quoi, mais je finissais toujours par revenir sur les choses que je ne voulais justement pas que les autres sachent, du coup, j’ai fini par abandonner cette idée. En fait, je n’avais que deux manières de faire : La première, me fixer sur quelque chose et ne penser qu’à ça. La deuxième, m’adresser directement à la personne, et voir si elle réagit. Ce jour-là, j’ai trouvé que la deuxième option était le meilleur choix à faire. "Pourquoi tu souris comme ça ?", lui ai-je demandé. Résultat : son sourire s’est agrandi, ce qui m’a conforté dans mon idée. Comme à chaque fois qu’un truc comme ça m’arrivait, je voulais trouver quelque chose d’intelligent à dire, histoire qu’on ne me prenne pas pour un débile, mais voilà la seule chose à laquelle j’ai pensé : "Pourquoi as-tu des ailes ?". Elle a jeté un coup d’œil à sa voisine. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Qu’elle ne pouvait pas en parler devant elle ? Je lui ai posé la question, mais cette fois, elle n’a pas eu de réaction, pourtant j’ai vraiment cherché le moindre petit geste. "Arrête Zack, ne te rend pas plus ridicule que tu ne l’es déjà. " Il avait raison, je devais vraiment me faire des idées, mais un doute persistait toujours. Je suis revenu à la réalité juste au moment où la deuxième fille commandait quelque chose :

- J'prendrais un coca avec une tranche de citron s'il te plait. Donc, si je comprends bien, tu as 20 ans, tu n'es ni d'ici, ni japonais et c'est ton premier jour dans ce tout nouveau bar ?

Et comment elle pouvait savoir tout ça ? Ah, en réfléchissant bien, c’est peut être moi qui lui avais fait comprendre. C’est la preuve que je ne suis pas fait pour la discrétion. Jusqu’à ce moment là, je n’avais pas vraiment fait attention à elle, mais là, comme elle me parlait, j’étais bien obligé ! Elle était brune aux yeux bleus presque translucides et elle avait l’air assez grande et humaine. C’était une jeune femme très jolie, me suis-je dit, juste avant de regretter mes pensées. J’avais l’impression de trahir Sarah… "Zack, tu ne peux pas la trahir, elle est morte." Toujours autant de tact, V ! Vite, il fallait que je me change les idées.

- C’est exactement ça, lui ai-je répondu en faisant de grands efforts pour ne pas laisser paraître ma colère naissante. Je vous apporte ça tout de suite !

Je suis allé préparer le cocktail, ce qui n’était pas compliqué du tout, en remerciant la neko de ne pas avoir commandé de boisson alcoolisée. Au japon, on ne peut pas boire d’alcool avant ses 20 ans, et on voit très bien qu’elle ne les as pas et je ne comptais pas enfreindre la loi dès le premier jour, alors un cocktail litchi me convenait très bien. Pour l’autre fille, ça aurait été différent, elle était plus âgée, mais je ne savais pas si elle était majeure ou pas… Dans tous les cas, un coca n’était pas interdit. D’ailleurs, c’était un très bon choix, j’ai toujours adoré le coca, et pour le préparer, ben… rien de plus facile ! Ah, j’aime tellement quand il n’y a rien à faire ! Je l’ai juste versé dans un grand verre, et j’ai rajouté une rondelle de citron, et oui, je n’avais pas oublié. J’ai trouvé ça marrant, d’ailleurs, qu’elle demande une tranche de citron. Ce n’est pas mauvais, le coca-citron, mais je préfère le coca nature. Une fois les deux verres préparés, ce qui ne m’a pas pris beaucoup de temps, je les aie apportés à mes deux clientes.

- Et voilà ! Pour vous, mesdemoiselles, ce sera gratuit, leur ai-je lancé avec un clin d’œil.

Bon, d’accord, c’était gratuit pour tout le monde, mais de toute façon, c’était les seules à… Ah non, les trois hommes ! Je les avais un peu oubliés… Et c’est à ce moment là que je me suis justement rendu compte qu’un des trois hommes regardait vers le bar. Il était temps pour moi d’aller les voir. Deux d’entre eux ont demandé une bière, le troisième un whisky. Je m’apprêtais à retourner à mon poste, derrière le bar, quand j’ai remarqué que quelque chose avait changé… mais quoi ? Hmm… M.hathway ! Il était parti sans que je m’en rende compte. Peut être estimait-il que je n’avais plus besoin de son aide, ce que j’espérais être vrai. Il fallait vraiment que j’aille le remercier, mais bon, pour ça, je pouvais bien attendre un peu.

- C’est exactement ça, répondit-il avec un certain empressement. Je vous apporte ça tout de suite !

Un peu sec ce ton, est-ce que j'ai l'air trop curieuse ? Non, il a fait un clin d'oeil en nous servant, c'est qu'il n'est pas si fâché que ça.. ? Non .. ? En tout cas, maintenant il pleut. Ça veut dire que la température va baisser. C'est mort, j'peux pas sortir, le temps de rentrer, je serais trempée, forcement et là, j'serais partie pour une semaine de toux, au moins ! Mais si je reste, il va faire nuit, et donc plus froid. C'est pas un choix ! Oh, j'ai mon coca. Je murmure un timide -voir inaudible- "merci" mais il est déjà partit servir le trio. Et en plus ils regardent dans cette direction...que ce coca est intéressant ! Oh comme j'ai pas du tout envie d'me retourner ! Et comme j'aurai l'air stupide si quelqu'un lisait dans mes pensées. Franchement, heureusement qu'ça s'peut pas, vous vous imaginez, vous, entendre les petits ennuis ménagers de tout un chacun ? C'est marrant dans les films d'espionnages et les trucs à l'eau de rose surnaturel, au quotidien, ce serait invivable comme situation.

- ...l'autre bar est tellement pourri que ça vaut pas le coup d'y aller et l'internat n'offre rien d'autre que de l'eau et du jus d'orange! 

Entièrement d'accord avec toi. Si j'écoutais le début de tes phrases, je suis sûre que j'serais encore plus d'accord. Y'a une ambiance de meeeerde dans l'autre bar ! Un environnement parfait pour déprimer, j'ai testé. Et puis il y a les joies d'l'internat...donc, logiquement si elle les connais, c'est qu'elle est interne. J'l'avais jamais vu avant. Certes, ça n'a rien d'étonnant, je ne vois jamais personne. J'retiens ni les noms, ni les visages, ni les numéros de téléphone. Quoique, les chiffres, ça gère, cela dit, quand on est pas capable de les replacer, ça sert pas à grand chose ! Mais la fille aux jolies oreilles a raison, c'est l'eau ou le jus d'orange infecte. Il n'y a qu'à la cafétéria qu'ils acceptent de te laisser acheter quelque chose de buvable. Du coca, par exemple. Une fois, j'ai bravé le sacro-saint interdit du coin et j'chuis allé dans la salle des profs pour prendre un café -chose étrange puisque je ne l'aime pas habituellement-, figurez vous que j'me suis fait engueuler par l'emmerdeur qui s'trouve à cinq mètres parce sois-disant, les surveillants ont leurs studios et leurs locaux et c'est comme ça. 'tain, c'est jamais qu'une machine à café, faut pas déconner.
Cependant, dans le cas présent, je me contente de déguster mon coca à petite gorgée...c'est vraiment pas mal le citron avec, j'chuis pas contre un tout petit peu d'acidité, mais vraiment un tout petit peu. Autre petite manie étrange, j'aime bien "noyer" les glaçons avec l'agitateur, je sais, c'est débile, mais souvent les glaçons sont ovales et creux -pour une raison qui m'échappe d'ailleurs, j'ai toujours eu des bacs à glaçons carrés perso'-, ce qui fait qu'on peut les pousser jusqu'au fond avec un objet fin, comme un agitateur. Geste totalement inutile puisque que selon une règle de physique que je ne connais pas, les dit-glaçons remontent forcement à la surface. Mais ça distrait. Encore quelque chose de totalement infantile. Quand j'pense que bientôt, j'aurai 20 ans ! Enfin, à peu près. Machinalement, je vérifie mon poignet droit, comme si la date allait réapparaitre. Mais rien. Juste ce malheureux codes barres et "L...ence...21/12...", j'peux juste être sûre que c'est le 21 décembre. C'est affreux, ça gratte. Si je remet ma manche en place, la sensation de gêne s'estompe. J'chuis un peu étrange quoi, c'est sûrement moi qui l'ai fait faire, mais des fois, j'le supporte pas. Ce sont les marques dessus qui font peur surtout, si je ne m'étais pas acharnée sur ce bout de peau précisément, j'aurais des informations précises. Tout ce que je peux en déduire, c'est que j'ai au moins 16 ans, puisque c'est à peu près l'age légal à partir duquel on peut se faire tatouer. J'ai passé au moins 2 ans aux USA, 'fin, bien que je n'en n'ai aucun souvenirs, ça semble logique. Conclusion, j'ai 19 ans et j'en aurais 20 dans quelque jours. J'me demande ce que je vais faire. Peut-être que j'appellerai Ambre et qu'on ira trainer ensemble quelque part. On pourrait aller manger un morceau ou venir ici ? Venir ici, ce serait pas mal. Ok, elle n'est pas majeure, mais j'ai le droit de juste l'emmener, nan ?

- ...je n'ai pas envie de t'appeler « hep! Barman! » à chaque fois, comment tu t'appelles?

Elle a définitivement de bonnes idées c'te fille. Ça fait un peu interrogatoire, certes, mais c'est comme ça qu'on s'fait des amis après tout, enfin, je crois. Il a l'air jeune, comme...Il a bien dit qu'il avait 20 ans y'a 10 minutes, nan ? Je suis un vrai poisson rouge. "Hello, I'm a goldfish, I have a three second memory...Hello, I'm a-". Heureusement, je ne suis pas vraiment bavarde, du coup, si je ne l'ouvre pas, les gens se rendent peu comptes que j'ai parfois un discours contradictoires. Excuse de blonde, certes, mais bonne astuce quand même.

Je venais à peine de retourner derrière le bar quand, sans me laisser le temps de faire quoi que se soit, la neko a complimenté mon cocktail :

-Merci pour le cocktail, a-t-elle dit. Ça fait longtemps que j'en ai pas pris des comme ça. L'autre bar est tellement pourri que ça vaut pas le coup d'y aller et l'internat n'offre rien d'autre que de l'eau et du jus d'orange!

Enfin, j'ai pris ça pour un compliment. Je n'étais jamais allé à l'internat, mais par contre j'étais allé faire un tour dans l'autre bar et j'étais tout à fait d'accord avec elle. Je suis à peine rentré dedans, que j'avais déjà envie de ressortir... Ça m'a fait pensé au bar où je travaillais, aux États-Unis, c'était complètement différend. Tout était génial là-bas, l'ambiance, les collègues... Et bien sur, il y avait Sarah ! Ce temps là me manquait tellement et j'aurais voulu ne jamais quitter cette vie là. Et voilà que je redevenais nostalgique. Il fallait que je fasse quelque chose pour me changer les idées. J'ai remercié la fille d'un sourire et je me suis occupé des bières. Pendant ce temps, la fille m'a demandé mon nom et pourquoi j'avais appelé le bar "Dreams' Bar". Et sa question supposait qu'elle comptait revenir, tant mieux. D'un coup, elle me paraissait de plus en plus sympathique. Ça avait bien changé par rapport au début, où elle m'avait fait une mauvaise impression avec son air de meurtrière.

- Je m'appelle Zack, et toi ? Enfin, et vous ? (il ne fallait pas que j'oublie la fille au coca quand même !) Je pense qu'il faut avoir un rêve dans la vie, vous ne croyez pas ?

Enfin, j'avais beau dire ça, je ne savais pas moi-même quel était mon rêve. Tuer Calcifer ? Un peu glauque non ? Mais je ne voyais rien d'autre. D'ailleurs, je n'arrivais pas à me rappeler si j'avais un rêve, lorsque je vivais avec Sarah. Si j'en avais un, qu'est-ce que c'était ? Aucune idée, mais après tout, il ne comptait plus, il avait été effacé au moment où je l'ai tuée... Et voilà, je repensais encore à elle, je ne pouvais vraiment pas m'en empêcher... En plus, à cause de ça, je me laissais distraire trop facilement ! Je n'avais pas vu arriver mes nouveaux clients. Apparemment, ils étaient arrivés lorsque la neko me parlait. Bon, d'accord, j'avais le dos tourné à ce moment là, mais j'aurais dû entendre la porte s'ouvrir et les gens parler.
J'ai pris les boissons, prêt à aller servir les bières et le whisky, mais je suis resté pour attendre la réponse des deux premières clientes. Je n'allais quand même pas partir juste après leur avoir posé la question, et c'est toujours plus sympa de connaître le nom des habitués (elles ne l'étaient pas encore, mais je l'espérais). J'avais toujours eu de bonnes relations avec les clients. Enfin, presque toujours. Il y a toujours des exceptions et j’espérais que ces deux là n'en seraient pas.

[Désolée pour le temps que j'ai mis à répondre...]

Alors comme ça il s'appelle Zack? Contente qu'il n'est pas pris mes questions comme un interrogatoire. Ça m'enlève un poids d'un coup! Finalement je n'ai peut-être pas raconté que des bêtises et c'était peut-être une bonne idée. Réponse à la deuxième question : "Je pense qu'il faut avoir un rêve dans la vie, vous ne croyez pas ?". Un rêve... Oui, probablement. Mais le problème avec mon rêve c'est qu'il le restera toujours. Un rêve utopique... Parfois il est bon d'avoir des rêves réalisable. Un peu comme des plans B. Ça aide dans la vie. Enfin, ça, c'est mon avis. Mais moi, je n'en ai pas. Pas encore. Oh! C'est vrai qu'il m'a demandé mon nom - et celui de ma voisine aussi après un petit rattrapage. A mon tour de lui répondre du coup, parce que j'ai pas trop envie qu'il m'appelle "Mademoiselle" ou d'autre truc du genre. Je déteste ces formules! C'est trop impersonnel et sur une si petite île ça ne va pas. Ça, c'est encore mon avis. La preuve, je n'ai pas tenu 5 minutes sans le tutoyer, alors que j'ignorais totalement qui il était! Ça doit irriter quelques personnes qui préfèrent être continuellement vouvoyé, mais tant pis. Ah oui! Le nom. Le pauvre mieux vaut ne pas le faire attendre. Nous ne sommes pas les seules clientes ici.

-Moi c'est Hisae.

Il attrapa des boissons - probablement pour les gars de derrière. Ah! Il y a un peu plus de bruit. De nouvelle personne? Son bar attire la clientèle. C'est plutôt bien pour lui si dès le premier jour du monde arrive. Après une nouvelle gorgée je me mis à sourire. Pourquoi? Pourquoi c'est moi qui suis contente alors que c'est son bar, à lui? Je me tournais vers lui. C'est quoi cette impression aussi? C'est comme s'il voulait enterrer une partie sombre de son passé. En fait... Je pense le comprendre. C'est ce que je fais depuis que je suis ici. D'ailleurs, ça fait combien de temps que je traine sur cette île? Trop longtemps. Oups! Assez de pensée négative. Sourie Hisa'. Garde la bonne humeur. Ça te rajeunie et les autres en profiterons! Je jetais un nouveau regard vers lui. Il y avait autre chose qui attirait mon attention. Son visage... Il y a un semblant de déjà vu. Evidemment que je ne l'ai jamais rencontré, je me souviendrais d'une personne pareil! Mais comment ça se fait que quelque chose chez lui faisait que mon esprit me titillait. Je soupirait ; Je n'aimais pas quand je n'avais pas de réponse. Et elle. Ma voisine au coca. A force de ne m'interresser qu'à Zack je vais finir par oublier les autres et m'enfermer dans cette obsession de savoir pourquoi j'ai cette impression. Je me tournais vers elle, le laissant respirer deux minutes.

-Je suis désolé, je ne suis pas très polie. Tu es juste à côté et pourtant je t'ai à peine adresser la parole. Dit moi, tu n'es pas à l'internat non plus? Tu n'as plus l'air d'avoir l'âge et je ne t'y ai jamais vu. Remarque, la moitié des internes je les rencontres hors internat!

En fait, là aussi ça ressemble à une agression. Pff... Sale habitude de trop parler. Tant pis. Je vais rattraper le coup après. En plus... Je viens de me dénoncer non? Oui, je sèche les cours et alors! Ça va faire des années que je suit les même cours, que je fais exactement les même chose! Ça devient lassant à la fin donc forcément. Toute autre personne aurait fait la même chose, non?

- Je m'appelle Zack, et toi ? Enfin, et vous ? Je pense qu'il faut avoir un rêve dans la vie, vous ne croyez pas ?

Zack ? C'pas mal. J'enregistre. Ça sonne comme "Jack" en plus original. Quoique, y'avait pas un idol américain pour adolescentes qui avait ce nom ? Aucun rapport. Un rêve dans la vie ? Ça me fait sourire. Pas un sourire méprisant, nan, je ne trouve pas ça puéril du tout, c'est juste que...peut-être qu'il a un but précis, et donc une grande détermination d'atteindre ce but ? C'est franchement mal dit. Mais j'admire ce genre de chose. Et donc, ce genre de personne. Dire quelque chose comme "Je vais tout faire pour arriver à ça", non seulement c'est classe mais en plus...ça permet de regarder l'horizon avec un point de mire. J'ai presque toujours eu des objectifs à court terme. C'est triste et relativement enfantin. Il n'y a rien qui me tienne réellement à coeur, juste des impressions passagères. Voilà pourquoi, vivre et attendre son but, c'est quelquechose qui m'est totalement étranger. Arf...Cela dit, j'aimerai bien connaître son rêve, mais c'est un peu cavalier d'lui demander maintenant, il pourrait me mentir pour éviter la question. C'est ce que je ferais, à sa place. Mais nous sommes totalement différents, n'est ce pas ?

- Moi c'est Hisae.

Un prénom japonais ! J'aurai du y penser ! Je ne sais pas si j'arriverai à le prononcer correctement, mais ça sonne plutôt bien. Ah, j'ai l'impression que le barm-Zack attend nos réponses avant d'aller servir les gens derrière. Deux bierres et un wiskey, que d'originalité ! Bon, on ne va pas le retarder plus longtemps.

- Et moi Lawrence !

Ce prénom est vraiment trop long. Et puis, c'est bizarre de s'auto-appeller. Oh, l'albinos me regarde. Pardon, Hisae. Ah, les lentilles rouges, tout une manière de vivre. Je me demande ce que ça donne, quand elle sourit. Est-ce qu'elle a l'air plus sociable ?

- Je suis désolée, je ne suis pas très polie. Tu es juste à côté et pourtant je t'ai à peine adresser la parole. Dis moi, tu n'es pas à l'internat non plus ? Tu n'as plus l'air d'avoir l'âge et je ne t'y ai jamais vu. Remarque, la moitié des internes je les rencontre hors internat !

Elle n'a pas l'air sociable. Mais elle fait des efforts. "Tu n'as plus l'air d'avoir l'âge" suis-je si vieille que ça ? Bon, ok, j'ai largement dépassé l'âge d'aller au lycée. Sinon, c'est mignon de s'excuser. Et un peu désuet. Drôle de personnage. Entre son apparence physique -peu commune, légèrement effrayante et plutôt juvénile- et sa personnalité, sa manière de contrôler ses mouvements, son coté très "mature" et sa politesse -quelle adolescente se soucie de la politesse?-, il y a un monde. Elle a un ton très légèrement agressif mais on sent qu'elle fait tout pour se retenir, pour quelqu'un qui m'ignorait il y a deux minute, y'a d'l'évolution ! C'est sûr qu'un bar, et surtout le comptoir d'un bar, c'est l'endroit où les gens parlent le plus, pardon, l'endroit où les gens se parlent le plus, d'où l'étrangeté de son attitude. Mais, pour sa défense, je n'ai pas dis grand chose non plus, alors nous sommes quittes !

- T'inquiètes, je ne vais pas me vexer pour si peu ! En fait, je travaille à l'Internat, alors on s'est peut-être croisé, mais certainement pas en cours ! Mais j'pense que si tu reviens ici, on se reverra, la cafet' est tellement atroce !

Ce qui, à la limite, pourrait me déranger, c'est la facilité avec laquelle elle te fait raconter ta vie. Non parce que bon, je suis pas une immense fan de l'exhibitionniste en général, et encore moins du je-vous-explique-le-pourquoi-du-comment. Même en essayant d'en dire le moins possible, j'en ai dit beaucoup. Non pas qu'ça me dérange -j'ai pas grand chose à cacher- mais ça m'effraie, parce que plus j'en dis, plus il est difficile de modifier, ou moduler, ce que j'ai dis. C'est un réflexe de menteur. En dire le moins possible. Comme ça, c'est plus facile de broder. Mais je n'ai absolument pas l'intention de mentir -j'avais pas pris une résolution contre?- alors ça n'a pas d'importance.

Celle qui semblait humaine s’appelait Lawrence, la neko, Hisae. Cette dernière s’est tournée vers Lawrence pour lui parler, j’en ai profité pour m’éclipser. Le temps de contourner le comptoir et de m’éloigner, j’ai eu le temps de comprendre qu’Hisae était à l’internat. Ça n’avait rien d’étonnant, d’après ce que j’avais pu comprendre, pratiquement tous les adolescents étaient à l’internat. Apparemment, il n’y avait qu’une école sur l’île et tous les étudiants habitaient là-bas, soit parce qu’ils n’avaient pas de famille ici et n’avaient nulle par d’autre où aller, soit, si ils habitaient déjà sur l’île avant, à cause du trajet. Enfin, ça c’était mon avis, peut être y avait-il une autre raison que je ne connaissais pas. J’aurais bien aimé entendre la réponse de Lawrence, mais j’étais déjà à la table où les trois hommes attendaient impatiemment leurs boissons. Je ne pensais pas avoir été si long que ça, mais certaines personnes manquent tellement de patience… Deux d’entre eux m’ont remercié lorsque je leur ai donné les boissons, le troisième n’a même pas pris la peine de lever les yeux vers moi, trop occupé à critiquer ses collègues. Il disait que ses supérieurs, et surtout le vice-directeur, lui faisaient toujours faire les pires taches. Il pensait même à changer de métier, il avait fait tellement de choses pour en arriver là, ce n’était pas pour qu’on le traite de cette façon ! L’internat n’était pas aussi tranquille que ce qu’il avait pensé au début, mais au moins il pouvait s’amuser avec les surveillants sous ses ordres, et il prenait d’ailleurs un malin plaisir à en torturer certains, surtout les petits nouveaux… Oh, pauvre homme, il avait l'air de tellement souffrir… J’avais horreur de ce genre de personnes ! Je n'arrivais pas à croire que quelqu'un comme lui se plaigne auprès d'autres personnes, il avait l'air tellement fier de lui ! Peut-être que je me trompais, mais c'était vraiment surprenant... Intéressé par ce qu'il disait, j'étais resté un peu trop longtemps à la table, mais personne ne semblait l'avoir remarqué.

Je me suis éloigné d'eux pour aller voir les derniers arrivants, un homme et une femme, qui ont commencé à me harceler de questions. Ils connaissaient bien la ville et ses habitants et voulaient savoir qui était le propriétaire, ils me trouvaient trop jeune pour l’être moi-même. Calcifer s'est mis à me parler et à chanter, pendant que les autres me demandaient... je ne sais même plus quoi. Il faisait souvent ça pour me déconcentrer, ça marchait souvent, mais j'arrivais à résister, parfois. Monsieur était resté trop calme jusqu'à présent, il ne pouvait évidemment pas continuer comme ça. Ah, comme ça avait dû le tuer d'être si sage ! Et donc, les clients me parlaient toujours, je me suis contenté de hocher la tête en souriant et de répondre quelques mots en espérant qu'ils correspondaient bien à ce qu'ils me disaient. Personne ne peut imaginer à quel point c'est compliqué de vivre en permanence avec un démon qui ne cherche toujours qu'à te ridiculiser ! Mais même lui s'est calmé lorsqu'un homme est entré pour me demander si savais où se trouvait l'adresse à laquelle il devait se rendre. Je n'ai même pas comprit le nom de la rue. Il aurait demandé l'hôpital, l'église ou n'importe quel autre gros bâtiment qu'on reconnait toujours au premier regard, j'aurais pu lui indiquer, mais une rue... j'avais eu du mal à connaître le nom de la mienne ! Heureusement pour lui, les deux clients avec qui j'étais connaissaient cette rue. Ils lui ont indiqué le chemin et ont enfin commandé leurs boissons.

Je suis retourné derrière le comptoir, j'avais l'impression de l'avoir quitté depuis une éternité. J'étais aussi triste d'avoir raté la conversation entre Hisae et Lawrence, si il y en avait eu une, bien sûr. Je les aimais bien toutes les deux, elles étaient après tout, mes deux premières clientes.

- Alors, que faites vous, seules dans un bar ? leur ai-je demandé. Si tu es à l'internat, tu dois connaître ce type, non ? ai-je ajouté en m'adressant à Hisae.

Je lui ai désigné celui qui travaillait à l'internat avec un signe de tête.

- T'inquiètes, je ne vais pas me vexer pour si peu ! En fait, je travaille à l'Internat, alors on s'est peut-être croisé, mais certainement pas en cours ! Mais j'pense que si tu reviens ici, on se reverra, la cafet' est tellement atroce !

Comment ça elle travaille à l'internat? Pas comme prof apparemment, elle aurait le privilège du bon café. Puis je l'aurai vu au moins une fois. Et elle est jeune pour être prof. Ou peut-être qu'elle l'est mais qu'elle a remarqué que jamais je n'étais présente. Non! Non, ça n'est pas possible, elle fait un autre boulôt... Quoi d'autre... Les surveillants! Ca doit être ça. Ca ne peut être que ça. Bon déjà je risque moins gros... Si je reviens ici? J'y compte bien revenir! En plus Zack est sympa. Enfin, il en a l'air. Je jetais un regard en arrière, il servait deux nouveaux clients. Leurs têtes me dit quelque chose. Soit je les ai croisé plusieurs fois, soit ils ressemblent tellement à "Monsieur Tout-le-monde" que je crois les connaitre. C'est navrant pour eux. Je me retournais vers Lawrence. Je vais éviter de la laisser à nouveau en plan la pauvre. Ca ne serai pas très sympa de ma part.

-Dans ce cas, je pense que l'on risque de se revoir alors., lui ai-je dit en souriant.

C'est si agréable de cotoyer des gens qui n'en veulent pas à votre vie, qui ne veulent pas vous cracher dessus. Il ne manque plus qu'une fille au sang de neko et ce serait parfait. Le temps de siroter encore un peu de ma boisson, je n'avait pas vu Zack revenir, et trop perdue dans mes pensées positive il me fit sursauter quand il nous adressa la parole. C'est rare quand je me fait surprendre. Je dois me faire vieille. Je compte même plus les années maintenant.

- Alors, que faites vous, seules dans un bar ? Si tu es à l'internat, tu dois connaître ce type, non ?

La première question s'adressait à nous deux. La deuxième à moi. Du moins c'et ce que j'en ai déduis vu qu'il s'est tourné vers moi en me montrant le type derrière nous. Ce que je fais seule? Voyons voir...

-En fait je n'avais pas grand chose à faire de ma journée. Puis C'est rare les nouveautés ici! Donc je suis venue voir.

Et maintenant le gars derrière nous. Je suis sure que Lawrence le sais mieux que moi. Vu qu'elle bosse à l'internat, elle y reste toute la journée. Contrairement à moi... En bref je vais me faire griller si je ne répond pas assez subtilement. Au pire, tant pis. Ce n'est plus un secret pour personne. Pour les profs en tout cas, depuis deux ans ils ne me connaissent plus.

-Et lui derrière ben... Sa tête me dis pas grand chose. S'il est à l'internat et que je l'ai croisé, il a pas une tête qui marque. Sinon c'est qu'il est de Tsukimi.

"Il a pas une tête qui marque". Mais bien sûr Hisa'! Dis plutôt que tu ne l'as jamais vu, ça ira aussi vite!

-Law', tu le connais toi? Euh, tu permet que je t'appelle Law'?

Décidemment, cette manie de donner des diminutifs me rattrapera toujours. Au moins avec Zack j'aurais pas ce problème. Mais n'empêche, ce même sentiment de "déjà vu" me repris, bien que je sois certaine que son visage me soit inconnu. J'effaçais cette pensée de ma tête. Je n'aime pas quand ce genre de chose me prend la tête. Je bu une nouvelle gorgée de mon litchi mais... Je buvais dans le vide. Il n'y en avait plus. Je dois l'avouer, oui je mourrais de soif. Mais engloutir le verre comme ça... Ca n'aurai pas donné bonne impression. Donc je l'ai bu à petite gorgée mais trop rapidement... Du coup je l'ai déjà fini. Je baissais les oreilles - celles de chat - de déception et me tournais vers Zack.

-Je peux en avoir un autre?

Le problème dans les bars, c'est que tu ne peux pas y rester sans avoir un vers dans les mains. Mais c'est pas grave. Ce cocktail était si bon.

Zack est allé servir dans la salle. Sans me retourner, j'peux sentir que l’endroit se remplit de plus en plus. Le niveau sonore, inexistant quand je suis arrivée, a augmenté jusqu'au doux bruit d'fond. Plutôt pas mal pour une première journée, nan ? En même temps, y'a pas une foule de lier pour se divertir ici, alors quand on en trouve un nouveau, on ne chipote pas. Bienvenue à Pauméland.

-Dans ce cas, je pense que l'on risque de se revoir alors, me dit Hisae en souriant.

Définitivement trop polie. Pas que ce soit un défaut, non. Juste un signe distinctif. Je parle vraiment comme...comme...enfin pas pareil à cotés, j'abrège. J'ai pas dis que j'étais débile, juste pressée, inutilement pressée. Ça m'arrive très rarement de sortir ce genre de formule de politesse. Mais je les connais, souvent, je m'habitue au gens avec lesquelles je suis. J'ai murmuré un vague -mais sincère- "Avec plaisir..." avant de me plonger dans l'observation intense des glaçons de mon coca. Qui doit être gelé et un peu dilué, depuis le temps que je le regarde...

- Alors, que faites-vous, seules dans un bar ? Si tu es à l'internat, tu dois connaître ce type, non ?
- En fait je n'avais pas grand chose à faire de ma journée. Puis c'est rare les nouveautés ici ! Donc je suis venue voir.

Ok. Je ne répondrai pas à cette question, la première, j'entends. Navrée d'être atrocement et désespérément triste et solitaire...Si tu viens seul dans un endroit, c'est justement avec l'espoir d'en ressortir en ayant fait de nouvelles connaissances, nan ? Et puis, même si ça n'a pas l'air, c'est vachement indiscret comme question. Non, je ne suis pas en train de bouder stupidement. Si, en fait. J'aurai franchement voulu faire autre chose d'la journée que trainer, mais quoi ? Les personnes que je connais se comptent sur les doigts d'une seule main ! Et ceux que j'apprécie, c'est pire...Ok, c'est pas comme si j'étais vraiment en position de faire des choix dans ma liste d'amis, ce que je voulais juste dire...Ouais, voilà, je suis triste et solitaire. Entrer ici une musique triste. I'm so happy 'cause today I found my friends, they're in my head...I'm so ugly, that's okay 'cause so are you, broke our mirrors... Voilà, exactement dans ce genre là.

- Et lui derrière ben... Sa tête me dit pas grand chose. S'il est à l'internat et que je l'ai croisé, il a pas une tête qui marque. Sinon c'est qu'il est de Tsukimi. Law', tu le connais toi ? Euh, tu permets que je t'appelle Law' ?

Ah. Je crois que c'est à moi qu'elle parle. Pardon, j'étais en pleine déprime. Euuuh...oui...Nan...J'en sais rien...Ah, lui ! Mais c'est mon grand copain le surveillant général, celui qui passe son temps à s'prendre pour un général d'armé en pleine gloire juste parce qu'il est censé coordonner les actions et horaires quatre malheureux pékins dont je fais malheureusement partie ?

- Oui, bien sûr ! Lui, c'est le surveillant général de l'internat, un minable qui se croit obliger d'pourrir la vie de tout les pions juste pour mieux supporter la médiocrité de la sienne.

Discrètement, Hisae commande un autre verre. Pauvre Zack, il suit la conversation par épisodes ! Cela dit, ce petit aparté me permet de m'étaler -comprendre appuyer mon coude sur ma table et mettre ma tête dans ma main-. Waouh, mes cheveux ont poussés...Je n'ai pas de coiffure particulière, mais, là, on a atteint la frange/mèche/rayer la mention inutile non identifié qui me tombe gentiment sur les yeux. C'est chouette, j'peux voir mes cheveux, sans loucher ! Ils sont tout doux, ni vraiment lisses, ni ondulants...J'aimerai bien avoir les cheveux longs, mais je pense que ça ferait un contraste trop effrayant avec mes yeux clairs...