Il y avait maintenant quelques semaines que j’avais reçu ce courrier. Je me demandais de qui cela pouvait être jusqu’à ce que je vis le cachet de l’école sur l’enveloppe. Je ne voyais pas du tout pourquoi ils m’envoyaient une lettre. Je l’ouvris en prenant soin de ne pas tout déchiré de peur d’arracher aussi le papier à l’intérieur. Je la lu attentivement, il s’agissait d’un rattrapage. Il était vrai que j’étais absente lors de l’examen, il était donc impératif que je le rattrape si je voulais valider mon premier semestre. Même si je ne savais pas de quoi il s’agissait, au moins je n’aurais pas à passer ma semaine entière dans les bouquins pour réviser.
J’étais donc allé m’inscrire à l’accueil puis j’attendis jour après jour avec impatience la prochaine lettre qui m’indiqua le jour, le lieu ainsi que le professeur qui serait là. Il fallait donc se trouvé samedi matin sur la plage face à l’île où un certain Kyo Himegasaka m’attendrait. Dommage que je ne connaissais pas ce professeur, mais le fait qu’il soit professeur de Biologie me rassurait un peu, peut être que je ferais une épreuve en rapport avec la Science ?
Même si beaucoup d’autres élèves avaient déjà passé l’épreuve, aucuns d’eux n’avaient parlé de l’épreuve. Personnes ne savaient ce qui nous attendait …
La lettre mentionnait aussi que je pouvais amener ce que je voulais, mais je ne savais pas quelle était l’épreuve donc comment savoir quoi emmener ? Je pris mon couteau suisse ainsi que ma trousse de dissection, on ne savait jamais. Je pris aussi mon livre « comment survivre dans la nature » et ma trousse de secours, car d’après ce que j’avais entendu, beaucoup d’élèves avaient remplis l’infirmerie. Je pris aussi le soin de me préparer des « en-cas » dans des thermos. J’espérais qu’il ne fouillerait pas mon sac… S’il trouvait mes gourdes remplies de sang je serais morte de honte …
Nous étions donc enfin samedi, j’étais à la fois excitée et anxieuse, je vérifiais au moins dix fois ce qu’il y avait dans mon sac à dos, relus autant de fois la lettre qui indiquait le lieu et l’heure. Je m’étais habillée comme pour une excursion, chaussure de rando, pantalon et casquette. Le fait de ne pas connaitre ce professeur me déconcerta, et si je n’arrivais pas à le reconnaitre parmi une foule de gens ? Je supposais qu’il allait avoir plusieurs personnes dans mon cas qui devait rattraper cet examen donc comment allais-je faire, s'il était caché au milieu de la foule ? Je me sentais de plus en plus angoissée.
Il n’était que 10H30 mais je décidais de commencer à partir, comme ça j’étais sure de ne pas être en retard, une autre de mes angoisses.
J’étais arrivée sur la plage à 10H45, je n’avais plus qu’à attendre. Je m’assis dans le sable encore frais et regardais à l’horizon, il n’y avait pas grand monde, contrairement à ce que je m’attendais. En fait, mis part quelques coureurs qui passaient devant moi, il n’y avait personne. 10H58, Je me relevai et essuyais le sable qui restait accroché à mon pantalon. Puis entendis ce fameux professeur. Il était 11H02 et il n’était toujours pas là, je ressortis en hâte la lettre indiquant le lieu, je ne mettais portant pas trompée. Je relevais les yeux et aperçu un bateau sur la grève. Je croisais les doigts et espérais qu’il fut sur ce bateau…

Kyo Himegasaka était arrivé en avance, comme souvent, mais à peine : il avait compris que les gens se présentaient juste à l'heure, et encore, quand ils le repéraient sur la plage ! Debout, à côté du bateau qui servirait à aller sur l'île où aurait lieu l'épreuve, il avait en effet l'air de n'importe quel quidam ordinaire, et pas d'un examinateur. Il préférait cependant attendre là un peu, il regardait la plage, les gens, écoutait le ressac et imaginait à l'avance, se régalait de la journée à venir. Quand il trouvait le temps un peu long, où qu'il croyait avoir repérer un indécis, il allait à sa rencontre. C'était d'ailleurs le cas là : il était 11h passée, et une jeune fille (il attendait une certain Miyazawa Yukino) regardait une lettre, sur la plage. Son regard semblait maintenant fixé sur Kyo : peut-être comprenait-elle qu'il était son examinateur, son aide pour ce rattrapage ? Il s'éloigna un peu de la vedette, après avoir vérifié que la clef n'était pas sur le contact. Il s'en servait tous les jours pour aller sur l'île (depuis l'examen semestriel, elle avait pour lui un intérêt bien supérieur à celui de toutes les autres zones de l'archipel réunies), et il avait appris à la manier avec aisance. Cela, sans compter son indéniable motivation à me rendre sur l'île et l'expérience passionnante que représenterait pour lui ce rattrapage, faisait que c'était pour lui un plaisir que d'être chargé de cette tâche. De toute façon, songea-t-il avec un sourire, le vice-directeur Himemono m'aurait donné ce rôle ; j'étais quand même son bras droit dans l'organisation et la gestion de l'épreuve. Ils avaient tous les deux étaient passionnés, presque plus par la nature de l'épreuve que par les élèves, habitants et professeurs et leurs réactions. Le phénomène était magistral, époustouflant !
Il avançait donc vers cette jeune fille, une mince élève aux longs cheveux blonds et en tenue de randonnée : pantalon, casquette, sac à dos, chaussures adaptées... Elle lui fit d'emblée bonne impression : enfin une personne prévoyante à l'esprit pratique ! Enfin, selon ce qu'elle avait dans son sac, bien sûr, mais en tout cas elle semblait avoir tenté de se préparer consciencieusement. Il lui adressa un sourire, pour confirmer son identité (il en était sûr maintenant, elle était Yukino Miyazawa et ne l'avait sans doute pas vu).

- Bonjour ! Mademoiselle Miyazawa, je suppose ? Je suis Kyo Himegasaka, le professeur chargé de vous accompagner pour ce rattrapage.

En se présentant, et puisque les conditions n'étaient pas celles d'un cours, il lui tendit la main cordialement. Il jeta un coup do'eil discret à sa montre ensuite : il n'était pas 11h05 passé, ils étaient parfaitement dans les temps.

- Vous pouvez m'appeler monsieur, monsieur Himegasaka ou Himegasaka-sensei, comme vous voulez. je ne vais pas vous assister, juste vous escortez pour m'assurer du bon déroulement de l'épreuve. Enfin, ça, c'est la version officielle, mais n'hésitez pas à me parler, je peux vous aider !

Elle a l'air plutôt agréable, l'épreuve devrait être intéressante. J'espère qu'elle me fera partager ses impressions et ses ressentis, même si tout ça me passionne c'est quand même appréciable de savoir comment des gens le vivent ! Il la regarda en souriant, et se demanda brièvement quelle était sa faculté. Enfin, il chassa cette question de son esprit : il la verrait peut-être, peut-être pas, qu'importe. Il fut alors prit d'un doute : et si il s'était trompé et qu'elle n'était pas cette Yukino Miyazawa ?

Il était 11H03 et toujours rien, je ne voyais personne sur cette fichue plage ! Je ne comprenais rien, je pensais pourtant être au bon endroit, peut-être pas finalement, et j'avais sans doute loupé le début de l'épreuve, donc loupé l'examen, j'allais peut être devoir redoublé ... j'espère qu’ils le comprendront et me feront faire une épreuve "classique", mon dieu ce que je me sens mal, moi qui déteste louper quelque chose ou même juste arriver en retard... J'étais tellement perdue dans mes pensées que je ne fis pas attention à cette personne qui s'approchait de moi, c'est son odeur qui me tira de mes idées. Une délicieuse odeur de sang, parfumé de jasmin et d'un autre parfum que je n'arrive pas à déterminer, en tout cas j'en aurais bien gouté un peu jusqu’à ce qu'il se présente.

- Bonjour ! Mademoiselle Miyazawa, je suppose ? Je suis Kyo Himegasaka, le professeur chargé de vous accompagner pour ce rattrapage.

Bon bah il fallait que je ravale ma soif, mais en tout cas j’étais soulagée de l'avoir enfin trouvé !! Enfin c'était plutôt lui qui m'avait trouvé, mais maintenant je savais enfin que j’allais pouvoir participer à l'épreuve comme tous les autres élèves, rien que de savoir ça, ça me redonnait le sourire. Il me tendit la main pour me saluer, je ne savais pas trop quoi faire, je n'avais pas du tout l'habitude qu'un professeur soit si familier avec moi. Je lui rendis son geste un peu hésitante. Il avait un sacré poigne, j’avais l’impression d’avoir des fourmis dans la main même après qu’il me l’ait lâchée.

- Vous pouvez m'appeler monsieur, monsieur Himegasaka ou Himegasaka-sensei, comme vous voulez. Je ne vais pas vous assister, juste vous escortez pour m'assurer du bon déroulement de l'épreuve. Enfin, ça, c'est la version officielle, mais n'hésitez pas à me parler, je peux vous aider !

J’avais presque toujours vécu avec ma mère française, les us et coutumes japonaises ne m’étaient toujours pas naturelles encore, et rien que d’appeler ce professeur himegasaka-sensei ne me paressait pas spontané, enfin pas pour moi. Je l’appellerai simplement comme tous les autres professeurs, monsieur, enfin en tout cas pour le moment. Son histoire de m’escorter dans la version officielle m’intriguait. Que voulait-il dire par là ? Cette épreuve était-elle si dangereuse que chaque élève avait besoin d’un professeur pour l’escorter ? Cette pensée me fit des frissons dans le dos. Mais après tout j’étais un vampire, de quoi pourrais-je avoir peur, me disais-je dans ma tête pour me rassuré. J’avais en évidement bien retenus que ce professeur pouvait m’aider.
Pendant tout le temps que je me questionnais et réfléchissais sur des petites choses, je n’avais même pas remarqué que je n’avais toujours pas dit un mot, même pas bonjour, quelle impolie …

- Bonjour Monsieur, je suis bien Yukino Miyazawa, Merci de m’accompagner pour cette épreuve.

Après avoir dit cela je me sentis un peu bête mais je continuais de sourire en le regardant. Je me demandais ou se déroulait l’épreuve et si tout ce que j’avais prévu dans mon sac à dos me serai utile.

- Bonjour Monsieur, je suis bien Yukino Miyazawa, Merci de m’accompagner pour cette épreuve, lui répondit-elle avec un sourire sérieux.

En voyant son air, qui lui apparut assez étonné, Kyo se rendit compte qu'il n'avait peut-être pas bien fait de lui dire qu'il l'accompagnait sans rien faire. Ça devait lui donner l'impression que l'épreuve était dangereuse, ou qu'il était là pour ne rien faire, ou... Bah, ce n'était pas grave. L'épreuve était effectivement risquée, voir potentiellement dangereuse, et il était là pour que tout se passe bien. D'une certaine façon, si elle s'en doutait, c'était tant mieux pour elle : elle pouvait se préparer mentalement. Ce n'était pas comme si elle risquait quelque chose (sa vie, ou son intégrité physique), puisqu'il était là, c'était plus que la situation allait être... Unique ? Dynamique ? Particulière ? Un brin violente ? Même Kyo ne pouvait pas se douter du déroulement de l'épreuve.
Chassant cette préoccupation de sa pensée, il se dirigea vers le bateau à moteur qui les attendait, sur la grève. Il fit un rapide ourlet à son pantalon, et poussa efficacement l'embarcation dans l'eau. A force de s'en servir, il n'avait plus aucun problème pour mettre le bateau à l'eau, y monter, et le manœuvrer. Dès le début d'ailleurs, le collègue qui lui avait expliqué ça lui avait dit que c'était très facile, et il se rendait compte qu'avec l'habitude c'était plus que facile, c'était même évident. Il avait alors eu peur que des gens aillent sur l'île de l'épreuve. Inutile de dire que ce serait regrettable, très regrettable. Ils ont donc fait circuler une rumeur disant qu'il ne fallait pas débarquer sur l'île, posé des panonceaux sur l'île pour avertir les gens de ne pas s'y aventurer, et prévenus les marins locaux.
De l'eau jusqu'à mi-mollet, Kyo tenait le bateau fixement, pour que Yukino puisse monter sans trop de problèmes à bord, et qu'ensuite ils se mettent en route.

- On y va en bateau, c'est sur l'île d'en face, lui expliqua-t-il. Après vous ! fit-il en souriant et en mimant une petite courbette, pour plaisanter.

Le bateau était simple, d'ailleurs l'appeler une "vedette" était présomptueux : il s'agissait simplement d'une embarcation classique avec un moteur derrière, rien de bien spectaculaire. Kyo ne s'était jamais particulièrement intéressé à la mer ou à la navigation : il aimait bien faire du bateau, mais comme il aimait marcher. Il avait en revanche un vif intérêt pour les algues, et la flore aquatique, même si ces recherches avaient plus souvent concerné des plantes hors-de-l'eau. Il avait développé une méthode de croquis, de dessin, de prise de photos et de notes en plein air qui, s'imaginait-il, devrait être remaniée s'il commençait à suivre des espèces sous-marines. En outre, le travail que cela représentait était immense ! ... Comme celui que représentait ses recherches en plein air, d'ailleurs. Enfin. Ce qui comptait pour lui était de pouvoir rechercher, étudier, classifier, noter, remarquer, analyser des phénomènes nouveaux et des mutations pour, peut-être un jour, les comprendre. Le cadre était accessoire.

Les vagues mouillaient un peu le bas de son pantalon, ce qui ne le gênait pas encore mais qui allait se montrer désagréable quand il le déroulerait. Il regardait Yukino Miwazaya, attendant qu'elle monte.

Après m’être présenté, M. Himegasaka me fit un sourire, qui me donna pleins de courage. Il avait l’air d’être un professeur chaleureux en qui on pouvait avoir confiance, dommage que je ne l’avais jamais encore eu en cours, j’espère que ‘année prochaine je serai dans sa classe. J’avais un terrible envi d’écouter ses pensées mais j’avais pris l’habitude de pas espionner les professeurs et personnes plus âgés que moi, sauf si nécessaire évidement. J’avais envies et puis en même temps je me disais que s’il ne pensait pas des choses bien sur moi j’allais m’en vouloir d’avoir entendu ses pensées. Peut-être plus tard si je suis complètement perdue dans l’épreuve.
Il fit un petit ourlet à son pantalon puis entra dans l’eau tout en s’approchant du bateau, il le tenait fermement puis me disait :

- On y va en bateau, c'est sur l'île d'en face. Après vous ! disait-il en faisant un petit geste de la main comme les nobles le faisait, pour que je monte, je riais intérieurement de ce petit geste anodin.

Je ne voulais pas me tremper les pieds, il allait falloir que je saute de là où je suis jusqu’au bateau, il y avait à vue de nez, à peine 50 centimètres entre le sable et la pointe du bateau, je pris un petit elan et sauta à pied joint dans la vedette, ce qui l’avait fait remuer dans tous les sens comme si on s’était pris une grosse vague en pleine face. C’était facile comme saut pour une personne, ou plutôt un vampire comme moi, mais c’était quand même assez gênant de faire ça devant quelqu’un d’autre, je n’en avais pas l’habitude.
Je m’assis sur le petit banc et attendis que le professeur monte. Il avait l’air d’avoir l’habitude de faire ca vu la facilité et l’aisance qu’il avait pour monter et se déplaçait dans ce petit bateau. Je le regardais s’assoir et prendre les commandes de la vedette. Je me demandais si c’était difficile à piloter ce genre d’embarcation. Un jour, j’essaierais me promis-je.
Pendant quelques instants personnes ne disait rien, et je trouvais que ce silence commençait à devenir pesant, mais je n’avais aucune idées de comment le briser ni combien de temps cela allait durer... j’allais justement lui poser la question, un bon moyen de discuter.

- Monsieur, est ce encore loin l’épreuve ? Demandais-je.

Je le regardais, j'attendais une réponse, mais il était en pleins dans ses rêveries, je me demandais même s'il m'avait entendu. Je n'osais pas lui redemander et tenta de trouver la réponse par moi même, je regardais l'horizon et je vis une terre, c'était donc celle la, l'île dont tout le monde parlait sans vraiment donner de détails sur ce qu'il avait vu ou fait durant l’épreuve. J'avais hâte de découvrir tout ça.

Après avoir sauté de la plage au bateau, comme si c'était d'une facilité évidente pour elle, elle s'assit tranquillement. Un peu amusé et surpris par cette démonstration spontanée, cette façon qu'elle avait eu de le faire (sans trop hésiter, normalement), il était assez amusé. Le bateau avait beaucoup gité, lui faisant ensuite perdre l'équilibre et l'allure impressionnante qu'elle avait eu sur le moment. Il aimait bien voir les gens faire des choses comme ça avec le même naturel que s'ils faisaient des actes normaux, il trouvait que si l'île devait permettre quelque chose, c'était peut-être ça. Comme les écoles qui permettent aux grands sportifs ou musiciens de s'exprimer entièrement, l'île pouvait peut-être être un endroit pour exprimer des choses communément admises comme "hors des capacités humaines". Il avait longtemps eu cette vision de l'école : permettre aux gens d'être eux. La question se posait d'autant plus ici.
Il se demanda qui avait des capacités physiques un peu hors normes (les catégories de pouvoir qui impliquaient ça), mais comme les pouvoirs étaient presque aussi variés que les gens, ici, c'était presque impossible de deviner ce qu'elle pouvait faire d'autre. Kyo démarra, et ils se dirigèrent vers l'île. Il se demandait ce que des gens avec des facultés surnaturelles peuvent bien penser de gens "ordinaires", et de fait comment il était considéré par les autres. Il s'entretenait physiquement, il était très capable et compétent, mais il n'était qu'un humain. Enfin, ça ne le dérangeait pas outre mesure. Il s'y faisait bien, et ça ne posait généralement aucun problème. En un sens, il était même plus bizarre que beaucoup de ses collègues.

- Monsieur, est ce encore loin l’épreuve ? demanda l'élève.

Il se fit tout d'un coup la remarque qu'il aurait pu discuter un peu quand même, se montrer plus cordial que ça. Un trajet en bateau avec un prof muet ne devait pas être passionnant pour elle. Il regarda l'île, et leur vitesse. Pas très loin, non. L'île se rapprochait à vue d’œil, et d'ailleurs le vent était un peu plus fort, comme souvent lorsqu'il y allait. C'était souvent habituel en mer, mais l'île elle-même aussi était toujours un peu plus venteuse.

- Nous allons arriver sur l'île dans quelques minutes à peine. Puis, je te dirais ce que tu vas devoir faire, et tu pourras commencer ! Tu en as des théories sur ce que ça va être ? demanda-t-il avec un sourire curieux.

Il voulait discuter un peu avec elle, et il était intéressé par ce qu'elle pouvait en penser. En plus, il trouvait aussi le silence parfois un peu gênant, alors autant bavarder pour passer le temps. Il ralentit alors que la profondeur de l'eau diminuait, et l'avant du bateau heurta doucement le sable de la grève. La plage était longue, mais pas très profonde, et elle débouchait rapidement sur la forêt, d'abord assez dense mais parcourue par des sentiers, dont un justement un peu plus loin sur leur gauche.

Je regardais autour de moi et voyais enfin un bout de terre, peut être que nous allions bientôt arriver, enfin si c’était bien l’île ou nous devions aller. Monsieur Himegasaka sortit de ses pensées et répondit enfin à ma question :

- Nous allons arriver sur l'île dans quelques minutes à peine. Puis, je te dirais ce que tu vas devoir faire, et tu pourras commencer ! Tu en as des théories sur ce que ça va être ?

Des théories ? Je m’en étais faite pleins dans la tête pendant toute la nuit. Je me suis préparée à un parcours du combattants, une course d’orientation, un test sur nos connaissances de la nature, un contrôle de nos capacités de survit seul en territoire inconnus. Mais dans ma tête toutes ces idées se passaient sur l’île principale et avec plusieurs personnes. Je m’étais même mise à réfléchir à ce que je pouvais faire si personne ne voulais se mettre avec moi…
Mais apparemment on allait être seul, je ne savais même pas si les professeurs nous accompagnaient lors de l’épreuve ou juste s’ils nous servaient de « taxi-bateau ». Toutes ces pensées étaient inutiles il fallait maintenant que je me prépare à quelque chose de nouveau et inattendu.
Je me décidais enfin à lui répondre le premier truc qui me passait par la tête.

- Je pensais à quelque chose en rapport avec nos compétences, disons, un peu spéciales. Comme trouver des choses et objets cachés ou quelque chose de la sorte. J’y suis presque ?

Je lui souris et attendis qu’il me réponde. Si c’était ça l’épreuve, je n’aurais aucunes chances. Mis à part lire les pensées, et avoir des visions je n’ai pas d’autres capacités extraordinaires. Si d’ailleurs je pouvais avoir des visions utiles ca m’aiderait mais rien … Et je n’allais quand même pas écouter les pensées d’un professeur…
Avant même qu’il ne réponde je rajoutais une nouvelle question :

- Vous serez avec moi pendant l’épreuve, vous m’aiderez ?

Le bateau ralentit au fur et à mesure que l’on s’approchait de l’île jusqu’à ce qu’on s’arrête après avoir heurté le banc de sable du bord de l’île. J’observais tout autour de moi, j’écoutais attentivement tous les sons et humais pleinement tous les odeurs perceptibles. Je n trouvais aucuns indices de la présence d’autres personnes, mais peut être que cette île était plus grande qu’i n’y paraissait. Instinctivement je descendis du bateau avant qu’on ne me le demande, maintenant j’avais les chaussures pleines de sable et je détestais ça, mais je n’allais pas les retirer pour autant. Je regardais autour et je ne voyais rien qui pouvais prédire que j’allais passer quelque épreuve que ce soit, je me retournais vers Himegasaka sensei le regard interrogateur.

- Je pensais à quelque chose en rapport avec nos compétences, disons, un peu spéciales. Comme trouver des choses et objets cachés ou quelque chose de la sorte. J’y suis presque ?

Kyo se tut et répondit à son sourire avec un air qu'il voulait amusé et mystérieux, pour ne pas confirmer ou infirmer sa théorie. En son for intérieur, il se disait qu'elle avait un certain esprit logique : on allait en effet tester leurs compétences, d'une certaine manière... et il faudrait trouver quelque chose. D'une certaine façon aussi. Ah, remarqua-t-il, en fait tout ça pourrait sembler bien tordu. Hm. Enfin, pas tant que ça, mais c'est dur à expliquer partiellement. A force, il savait comment résumer ça aux élèves, mais à chaque fois il se redemandait : n'était-ce pas beaucoup de simagrées pour juste ça ?
Elle enchaîna presque aussitôt avec une autre question, à laquelle il était plus facile pour son professeur de répondre :

- Vous serez avec moi pendant l’épreuve, vous m’aiderez ?
- Je ne peux pas trop vous aider car ce serait de la triche, reconnut-il avec un sourire penaud,[color:45ee=993333] mais si vous avez un problème ou une question, ou que vous êtes en difficulté, avec plaisir ! Mais de toute façon, ne vous en faite pas, tout va très bien se passer. Notre but n'est pas de vous faire échouer !

Évidement, elle doutait peut-être de ses capacités ou de ses chances de réussite... Lui n'en doutait pas un instant. Elle avait l'air débrouillarde, confiante, et plutôt agile d'après son entrée sur le bateau. Elle descendit d'ailleurs de la même façon : d'un saut assez conséquent (et peu probable pour un humain ordinaire), à la réception impeccable. Elle avait évité l'eau, mais le sable devait sans doute s'être déjà immiscé dans ses chaussures. Pendant qu'elle observait, écoutait et mémorisait avec une concentration évident les choses autour d'eux, il descendit, tira le bateau sur la grève, récupéra ses affaires, remit son pantalon convenablement, mis un cadenas au moteur,... quand il fut fin près à partir, et que tout fut réglé, il se retourna vers elle.

- Alors, mademoiselle Miyazawa, voici votre réponse ! s'exclama-t-il avec un grand sourire. Lors de la dernière épreuve, celle à laquelle vous n'avez pas pu assister... Des créatures ont été lâchées, ou plutôt libérées, sur l'île. Vous devez en trouver une et la neutraliser. Je resterai avec vous tout du long. Voilà !

Il disait ça avec un air confiant et satisfait, pour éviter des crises de panique (il en avait déjà eues, et cela l'avait paniqué) et pour que la tâche semble réalisable à l'élève. Pour l'instant, en tout cas, ils n'avaient qu'à chercher un peu. Plus les rattrapages avançaient, moins il y en avait et plus, proportionnellement, les recherches s'allongeaient un peu.

J’attendais qu’il me réponde, pendant ce temps je regardais autour de moi mais mon esprit était dans le siens. C’était plus fort que moi, j’étais vraiment curieuse à propos de cette fameuse épreuve. Et puis après tout, il n’en saura rien du tout…

« En fait tout ça pourrait sembler bien tordu. Hm. Enfin, pas tant que ça, mais c'est dur à expliquer partiellement… »

Finalement je n’aurais pas dû écouter ses pensées me répétais-je sans cesse dans ma tête. C’était encore plus stressant, non seulement j’avais transgressé la limite que je m’étais fixée qui était de ne pas m’immiscer dans l’esprit de mes professeur ; et puis je ne savais rien d’utile, mais en plus cette phrase étais vraiment très bizarre. Je me torturais l’esprit jusqu’à ce qu’il me réponde

- Je ne peux pas trop vous aider car ce serait de la triche, mais si vous avez un problème ou une question, ou que vous êtes en difficulté, avec plaisir ! Mais de toute façon, ne vous en faite pas, tout va très bien se passer. Notre but n'est pas de vous faire échouer !

Tout va très bien se passer… Facile à dire, moi je n’en savais rien du tout ! Je ne savais même pas à quoi m’attendre. Je riais intérieurement en me remémorant la phrase « notre but n’est pas de vous faire échouer ». Heureusement que ce n’était pas leur but ! Puis Je perdais mon sourire et je commençais à me demander si cette phrase n’était pas ironique. Après tout personne n’avait jamais parlé de ce qu’il avait vu ou fait durant cette épreuve, c’était peut-être un genre de test pour voir de quoi nous étions capable pour trouver le moyen de prendre nos pouvoir. Je me débarrasserais bien du mien mais cela voudrais dire aussi qu’il faille que j’abandonne mon immortalité, je n’en serais pas capable. Peut-être qu’ils voulaient juste nous observer afin de découvrir le meilleur moyen de nous éliminer, comme ça il n’y aura plus de gens « bizarre ». Mon esprit vagabonda sur cette phrase pendant plusieurs instants, si bien que je ne m’aperçus pas tout de suite que le professeur avait déjà ramené le bateau plus haut sur le sable et qu’il m’attendait pour partir. Je le regardais avec méfiance. Lorsqu’il sentit mon regard, il se plongea dans le mien et me répondit avec un grand sourire qui me rassura un peu :

- Alors, mademoiselle Miyazawa, voici votre réponse ! Lors de la dernière épreuve, celle à laquelle vous n'avez pas pu assister... Des créatures ont été lâchées, ou plutôt libérées, sur l'île. Vous devez en trouver une et la neutraliser. Je resterai avec vous tout du long. Voilà !

Je me reculais d’un pas, presque automatiquement. Si j’avais encore un cœur qui battait et du sang dans mes veines je suis sure que mon rythme aurait accélérer, me faisant des joues rosées et un léger mal de crane à cause d’une surpression. Mais je n'avais pas tous ça, j’avais donc l’air stoïque, je continuais de le fixer en me disant que finalement je n’avais peut-être pas tort …

Elle avait aussitôt reculé, et l'avait fixé d'un air presque agressif, et pour le moins méfiant. Il comprenait sa réaction : elle était sans doute inquiète ? Effrayée ? Et Kyo Himegasaka ne semblait peut-être pas le soutien idéal, avec son air trop banal, ses poches pleines de calepins de biologistes et ses mouvements souvent maladroit. Mais son regard n'était pas empreint de peur, non, c'était plus de la défiance...
A moins qu'elle ne soupçonne... A moins qu'elle ne voit une anguille sous roche ? Nous ne voulons que leur bien, j'espère qu'elle ne va pas en douter ! Car malgré tout ce qu'il pouvait penser, c'était ça le but final : leur bien, leur sécurité. Il se demanda si elle pouvait lire les auras, peut-être, et qu'elle aurait pu comme ça comprendre que tout n'était pas très net... Il ne savait pas comment rectifier le tir, montrer qu'il avait comprit qu'elle se méfier pouvait être négatif aussi...
Il avait horreur de se prendre la tête sur ce genre de détail, et plus il réflechissait, plus son comportement lui paraissait suspicieux... Bah, on s'en fiche. Qu'elle pense ce qu'elle veut, tant qu'elle ne me fausse pas compagnie elle est en sécurité, et puis il ne peut rien se passer de très grave. Ca va aller.
Il voulut dire quelque chose d'un peu rassurant, hésita, se dit qu'elle devait trouver son hésitation suspecte... Finalement, il se décida à parler pour les faire se mettre en route, et pour lui préciser que le temps n'était pas limité et qu'en cas de besoin, il avait de quoi manger pour eux, sauf qu'à ce moment là il remarqua que...
... le chêne qu'il suivait de jour en jour et dont il notait l'évolution (qui se ralentissait, ces derniers temps), avait une nouvelle branche qui poussait, presque plus une racine en hauteur qu'une branche, une petite excroissance sur le tronc quoi.
Sans attendre un seul instant, il attrapa un carnet, un stylo (en un geste si rapide par habitude qu'il ne lui prit qu'un instant), et se rua, s'accroupit devant, et commença à la griffonner.
Un rapide aperçu. De haut, de bas, de profil. Des prises de mesures, la date, la température (il avait un thermomètre sur lui, toujours). Il hésita à la couper pour la prendre en couper, mais préféra en prélever un petit échantillon qu'il mit dans une fiole qu'il boucha.
Une fois sa frénésie passée et sa curiosité assouvie, il se rappela que Yukino était là. Oups. Je me suis encore laissé emporté.

Je m'étais reculé d'un pas. Le professeur Himegasaka continuait de m'observer bizarrement, on aurait dit qu'il se faisait un débat intérieur. Il faisait peur à voir. Avec tout ce que j'avais vu sur l'île depuis mon arrivée, si je ne pouvais pas lire dans les pensées à cet instant précis, j'aurais pu croire que lui aussi avait peut-être un démon ou autre chose à l'intérieur de lui et avec lequel il discutait en ce moment même. Mais quand je me concentrais sur ce qu'il pensait, il était seul. Je pense qu'il était juste complétement paumé en fait.
Je commençais à me décontracter et à envisager qu'il était là comme il l'avait dit, pour m'accompagner et m'aider. Finalement, je le trouvais plutôt sympa ce prof. Il n'avait pas l'air très à l'aise, mais qui peut être vraiment à l'aise en plein milieu de la forêt avec quelqu'un qui se méfiait de nous ?
Enfin ça c'est ce que je me disais avant qu'il se précipite sur un arbre. Je me mis sur mes gardes croyant que quelque chose, un animal peut être, arrivait sur nous. Rien de tous ça n'arrivait, je me concentrais sur les sons, j'humais les odeurs autour de nous et je ne sentais rien de menaçant qui aurait pu expliquer son attitude. Je m'approchais donc de Himegasaka-sensei pour voir ce qu'il faisait, il avait sortit un petit carnet de son sac à dos ainsi qu'un crayon. Je me demandais vraiment ce qu'il allait faire, là tout seul devant cet arbre qui semblait être un chêne vu la forme des feuilles. Je m'approchais encore un peu plus de lui et vis qu'il était en train de dessiner une petite branche. Alors, c'était ça son épreuve ? Se promener dans la forêt pour dessiner des plantes ?
J'aimais bien la biologie, mais pas à ce point la, si on nous avait dit d'observer les animaux la OK c'était intéressant, mais là étudier la physiologie d'un végétal je commençais déjà à m'ennuyer. J'attendis un petit moment, peut être cinq minutes, mais il ne remarquait pas que j'étais derrière lui à l'attendre.
Je sentais mon ventre se tordre. C'était vrai que ce matin je n'avais pas beaucoup mangé, j'étais tellement stressé par cette épreuve. Heureusement que je m'étais préparée un thermos de sang pour la journée. Je regardais le professeur, je n'allais quand même pas boire ça devant lui. On ne savait jamais si je perdais le contrôle... Je décidais donc de m'enfoncer un peu plus dans la forêt, seule.

Une fois son dessin fini, et son espèce de "crise d'obsession de tout relever" passée, il se retourna donc. Mlle Miyasawa, Yukino, était en train de partir dans la forêt. Pas comme si elle l'esquivait ou filait en douce ("à l'anglaise", comme on dit), plus comme si en toute connaissance de cause elle avait choisi de me laisser à son occupation et de partir un peu seule. En repérage, peut-être ? Ou alors pour avoir un instant pour réfléchir ?
Si Kyo pouvait comprendre que dans une telle situation, elle puisse vouloir réfléchir un peu, il lui semblait assez évident que rester seule n'était pas très bien vu. Elle savait qu'il y avait des créatures sur l'île, et dans ce cas elle aurait mieux fait de rester avec lui (qui lui avait dit pouvoir la protéger), et si vraiment elle n'avait aucune confiance en lui, alors ne valait-il pas mieux qu'elle reste avec lui, au moins pour le garder à l'oeil ?
Ah ! Mais il y avait une troisième option : Peut-être qu'elle préfère être seule par rapport à ses facultés, ou sa particularité, enfin ça quoi ?
Enfin, en tout cas, il fallait qu'il agisse. Kyo ne tenait pas d'ailleurs à ce que l'ambiance entre eux soit mauvaise, et il était vraiment là pour l'aider à réussir son épreuve, alors....

- Euh, excusez moi ? Mademoiselle ? Je suis sensé rester avec vous pour vous aider dans votre rattrapage. Si jamais il y a quoi que ce soit, vous pouvez me le dire, mais il sera préférable que nous restions ensemble. Vous avez l'air de vouloir aller dans la forêt ?

Il ne voulait pas lui dire ainsi, mais en réalité ce serait un excellent moyen pour elle de tomber sur une créature. Il lui adressa un sourire sincère et encourageant, pour lui rassurer et la pousser un peu, et se releva. Il s'épousseta, rangea toutes ses affaires, et ajouta :

- Je suis un peu un "doux dingue" quand il s'agit de biologique, mes collègues me le répètent souvent. Je m'excuse de m'être laissé emporter comme ça, mais la flore ici est réellement fascinante, et j'ai du mal à me retenir, hehe, admit-il en fronçant un peu les sourcils. Enfin, je vais faire de mon mieux, hein, ne t'en... ne vous en faite pas trop !

Il avança jusqu'à se retrouver à côté d'elle, et lui jeta un regard interrogatif comme pour dire "eh bien, vers où allons-nous ?".