"Apparement, il y avait un écrito avec : Chers élèves,
J'ai du m'absenter, j'avais quelque chose à faire dans l'île. J'ai les consignes avec moi, je reviens.
Le professeur responsable de l'épreuve. mais aucune trace du type et d'autres se sont battu et-"

Ah bon ? Les petits bouts blancs complètement massacrés, c'était une feuille... ? Ces gosses sont complètement sauvages. L'avantage, c'est qu'après avoir détruit le précieux message, ils se sont mis à se le gueuler les uns aux autres. Alors tout le monde est au courant aussi bien qu's'ils l'avaient laissé intacte. Cela dit, ils s'imaginent qu'on va croire ça... ? Parce que ça fait 20 minutes que je suis là, alors soit il s'est perdu en allant faire pipi, soit il n'y a jamais eu de prof' sur l'île. Je penche plus pour la deuxième option. Et franchement, c'est naze de nous l'avoir cacher. Ça sert à rien, on va aller l'explorer leur île, faut pas s’inquiéter. Plein d'gens sont déjà plus ou moins en vadrouille. Moi, je prends juste le temps de sécher et de remettre mes chaussures. En essayant de pas mettre du sable dedans, ce qui s'avère plutôt galère. Néanmoins, je suis très contente de les avoir, ça et mon sac. J'ai aucune idée de la durée de l'épreuve. Au moins, j'ai de quoi me remplir un peu l'estomac. Finalement, je n'ai repéré personne, dans cette foule. Peut-être plus tard ? Et puis, elle n'est pas aussi petite qu'elle en avait l'air sur l'autre rive, cette île, rien ne dit que tout le monde a accosté de ce coté.

Enfin, pauvres étudiants...ils vont devoir trouver un truc quelconque -disons un prof' ou une pochette surprise-, totalement au hasard, et c'est ça qui va leur filer une note. Autant tirer au sort ! Tu parles d'une épreuve de compétence...Alors, par où on va maintenant ? La forêt, j'aime pas les insectes. La plage ? Ça met du sable dans mes bottes. Non, je ne me plains pas, je constate, c'est tout. Et mine de rien, je suis plutôt motivée ! Ouais, j'aime bien ce genre de truc, les endroits inhabités, les îles désertes. Ça me déplairait pas, moi, de faire une émission de survie débile. Ok, c'est vraiment stupide, mais ça a l'air marrant ! Après tout, maintenant qu'on est là ! Je me demande ce qu'on doit chercher, ou trouver, j'en sais rien. Difficile de cacher quelque chose sur une plage, à part dans le sable, mais je n'ai rien pour creuser, à part mes propres mains -et j'irai pas loin avec une pelle manuelle-. Peut-être que j'aurai du penser à autre chose qu'à mon estomac et à mon confort, en faisant mon sac ? Genre, un couteau. Ça pourrait être utile. Je sais pas pourquoi, mais ça pourrait être utile. Ou un sabre d'abatis, à la rigueur, le modèle d'Indiana Jones, s'il vous plait !J'vais commencer par la forêt, ça m'inspire plus. Et le soleil est encore haut, autant en profiter, quand il fera nuit, on ne verra plus rien avec le feuillage, ce sera le temps de se rabattre sur la plage.

D'accord, on ne voit pas grand chose quand même. Mais c'est joli. 'fin, j'aime bien, les petites percés de lumières, c'pas mal. On dirait un tableau. Et puis il fait plus frais. Je ne sais pas exactement où je vais, mais c'est ça qui est excitant, pour l'instant, je marche en ligne droite, en évitant les arbres et les autres obstacles végétaux, et en m'éloignant des candidats braillards. Oui, je n'aime pas les gens, et alors ? Je préfère être seule qu'accompagner des gamins qui ne pensent qu'à leur note. Je sais, c'est une très mauvaise excuse...Ça y est, je me suis à peu près éloigner. Maintenant, on entends le vent et les oiseaux. Ou plutôt, on entends qu'il n'y a pas d'oiseaux. Pas de problème, le silence juste troublé par le bruit de mes propres pas, ça me va aussi.

Hum. Je viens d'y penser, mais...la foret est, presque par définition, le décor d'un film d'horreur. Vous savez, les gentils touristes/habitants se font toujours massacrer dans un endroit sombre et lugubre par un ennemi qu'ils n'ont pas entendu arriver. Quel rapport ? Je suis plutôt du genre peureuse. Heureusement qu'il fait encore jour ! Et ça me rassure d'entendre mes pas -le contraire serait alarmant, je sais- et ma respiration. J'espère que je ne fais pas tout ces efforts pour rien. J'ai envie de trouver quelque chose. Mais quoi ? Le prof ? Trop facile, si peu original. Des consignes ? Voir précédemment. Non...vraiment... j'aimerai trouver quelque chose de cool. Mais j'ai un si mauvais feeling avec les forets !

- Lawrence !

La foret me parle ? Stoppons là le fantasme. J'ai juste le temps de me retourner pour voir une forme globalement blanche sauter d'un arbre. Hisae ? Oui, c'est elle ! Impossible de la confondre, avec ses cheveux blancs, ses yeux rouges et ses jolis oreilles. Cette fille est aussi agile qu'un chat ! Remarque, ça ne m'étonne même pas. Et en fait, je suis contente de la voir. Même si elle m'a fait un peu peur ! Heureusement que je n'ai pas crié, ç'aurai été d'un ridicule, 'fin bref. Finalement, il y a une autre espèce que "moi" et "les "mômes bruyants", c'est rassurant.

- Toi aussi alors tu es venue.

Yep ! Elle a l'air contente de me voir ! Elle est vraiment belle quand elle sourit. Vraiment, je préfère ça à son expression habituelle ! Son enthousiasme est contagieux, et ça fait plaisir à voir, un visage ami.

- Comme tu peux le voir, oui ! Et toi, pas de trop mal à arriver jusqu'ici ?

La vue était belle, là haut ? Je ne sais pas si elle pouvait voir grand chose, mais bon. En tout cas, elle a l'air d'aller bien, mais je demande, au cas ou ! On pourrait explorer ensemble, ce serait plus sympa. La plupart des candidats avait déjà commencé à formé des groupes, quand je me suis éloignée de la plage mais ça fait déjà un bout de temps...J'espère que je ne serai pas un boulet. Et qu'ils n'ont pas l'intention de nous faire nous entretuer. Sinon, c'est qui serait obligé d'mourrir pour qu'elle survive et gagne ~ Oui, j'abuse de films héroïques à un dollars. Et alors ? C'est juste ma façon maladroite de douter de moi-même. Et du fait qu'elle veuille bien de moi. Relativisons, si ça n'avait pas été le cas, elle serait resté sur sa branche et m'aurai laissé m'éloigner sans rien dire !

Bon, ça y était. Tous étaient désormais plus ou moins dans la forêt... Des pions, bien placé sur l'échiquier. Des pions, que le joueur expert pouvait sacrifier, manipuler à sa guise. Et il était un joueur expert, prévoyant. Les élèves ne savaient même pas qu'ils auraient un examen pratique que tout son plan était en place.
La partie pouvait commencer, maintenant.
Le pentacle était tracé, la porte était prête à être ouverte. Il ne lui restait qu'à effectuer la cérémonie qui ouvrirait, au degré voulu, la porte. Cérémonie enfantine pour quelqu'un comme lui, mais qui lui avait demandé tellement d'effort... Peu de gens la connaissait. Il y avait consacré une bonne partie de sa vie, d'ailleurs. Par acquis de conscience, le vide-directeur imagina, encore une fois, toutes les éventualités possibles, une fois qu'il aurait lâché les démons sur ces élèves.
Les élèves sentiraient, bien sûr, la modification dans l’environnement. Les animaux s'enfuiraient, les plantes se modifierait peu à peu pour devenir mobiles et bouger comme des animaux,... Mais peu d'entre eux comprendraient la menace réelle. Sérieusement, combien de participants ici connaissaient l'existence de l'Abîme ? Et parmi eux, la présence d'une porte ici ? A peine une poignée. Et ils se feraient avoir, comme les autres.
Certes, les démons des pactisants sauraient immédiatement où se trouvait la porte, et son degré d'ouverture. Mais peu d'entre eux étaient suffisamment proches de leurs pactisants pour vouloir les sauver, d'autant plus que si un démon entraînait son pactisant dans l'abîme, il devenait libre. Même si ce n'était qu'une rumeur non avérée, beaucoup d'entre eux devaient la connaître, et l'occasion était très belle, le jeu en valait la chandelle.. D'ailleurs, il devrait faire gaffe aux pactisants. L'ouverture de la porte renforcerait le pouvoir du démon dans le corps du pactisé (la force de sa voix, de sa capacité à 's'imposer' à l'humain), et son but n'était pas de faire sombrer les élèves dans l'abîme pour libérer leurs démons.
Bon, pour les pactisants, ça allait. Il avait prit ses précautions il était méticuleux. Ensuite, quels élèves seraient altérés par l'Abîme et demanderaient des mesures spécifiques... Ah, oui. Les métamorphoses, qui verrait pour les plus faibles pour ceux qui ne se contrôlaient pas parfaitement, leur corps se transformer partiellement, à cause des ondes de l'Abîme. Ca allait les rendre plus vulnérables, plus gênés, plus faibles... Pauvres petits. Il ricana un peu, mais se reprit aussitôt. Dignité, dignité, l'instant était solennel.
Ensuite, bon... Les êtres très sensibles sentiraient les ondes, oui. Les vampires, les enfants de la lune, ceux au "6ème sens"... Mais bon, ils ne savaient pas comment les interpréter, si les ondes venaient de l'Abîme ou allaient vers elle, peut-être même ne comprendraient-ils rien ! Aucun d'entre eux n'avait jamais été confronté à ça : à une horde de démons, sortant de l'Abîme pour manger un élève, afin de se libérer du joug de l'Abîme.
Non, personne ici (ou presque) n'y avait fait face, et c'était pour ça qu'ils étaient des cibles idéales... pour ça qu'il allait ouvrir la porte sur eux.

Redevenu sérieux, il se livra à la cérémonie secrète, inconnue de beaucoup de gens, et sur laquelle il avait tant cherché tant fouillée pour laquelle il avait tué même. Ses buts ses projets, l'entreprise de sa vie commençait aujourd'hui. Il sourit, dans la lueur blafarde de la forêt et du pentacle. Puis, quand un flash aveugla momentanément toute l'île, signe que la porte était ouverte, il n'était plus là.
C'était partit.




[Les P.N.J.s entrent maintenant en jeu.]

Ca faisait vraiment plaisir de voir ne tête connue, amicale. Ca redonne un peu d'éclat à ce lieu sombre. C'est étrange, comme les forêts de cette île peuvent paraitrent effrayante quand ont va trop loin, que l'on s'enfonce à l'intérieur.

- Comme tu peux le voir, oui ! Et toi, pas de trop mal à arriver jusqu'ici ?
-Et bien pour tout dire, ce calme est tellement oppressant que j'ai pensé un instant à retourner vers la plage.

Ca, c'est dit! L'inavouable a été avoué... Tant pis. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai pas le sentiment que Lawrence est du type à crier les news sur tout les toits. Donc que ce secret sera bien gardé. Je l'espère.

-Pourquoi ne ferions pas route ensemble? A deux nous trouverons plus facilement...

Nous trouverons plus facilement quoi? Qu'est-ce que nous devons chercher en fait? Un prof perdu dans cette forêt? Autant chercher une aiguille dans une botte de foin! On aura plus de chance! Des consignes? Encore pire! Un trésor, une sorte de "PNJ" ou je ne sais quoi? En fait on est dans cette forêt, paumé, marchant sans réel but. J'en soupira de dépit. J'aurais dû y réfléchir plus tôt à ça. Tant pis, on est pratiquement au coeur de la forêt, il est trop tard pour reculer.

-Je vais prendre un peu de hauteur, histoire de voir où on est à peu près.

N'attendant aucune réponse de la part de Law', je déployais mes ailes et esquivait les branches, afin d'atteindre le ciel. Un flash soudain éclaira tout l'îlot et m'éblouit par la même occasion. Fermant les yeux pour échapper à cette lumière, je me pris une branche de plein fouet et fus déséquilibrée. Ou plutôt dirrais-je, assomée. Et me voilà en chute libre rebondissant sur des branches de tants en tant et tomba - voir m'écrasa - au sol... Sans jouer sur l'élégance je dois avouer. A mon réveil - combien de temps s'est-il passé? - la forêt était de nouveau comme avant, sans lumière, sans oiseaux. Mais je sentais que quelque chose avait changé. Par contre, je ne saurais dire quoi.
Je savais que je n'aurais pas dû aller sur cette île.

- Et bien pour tout dire, ce calme est tellement oppressant que j'ai pensé un instant à retourner vers la plage.

Carrément. Mouais. Disons que quand le troupeau se sera dispersé, ce qui doit être le cas, ce sera plus supportable. Hey ! Est-ce que c'est une façon détournée d'avouer qu'elle avait peur ou qu'elle se sentait mal ? C'est marrant comme j'ai du mal a l'imaginé effrayée, c'est très con comme réflexion mais...elle n'a pas l'air de quelqu'un qu'on peut surprendre ou effrayer facilement. Et ce n'est pas une critique ! Surtout quand on est plutôt une trouillarde blasée dans mon genre...

-Pourquoi ne ferions pas route ensemble? A deux nous trouverons plus facilement...

Encore faut-il savoir quoi chercher ! Mais j'suis soulagée que ce soit elle qui fasse le premier pas, elle n'est pas littéralement tombée à cotés de moi par hasard, elle voulait vraiment qu'on explore toute les deux...Ouf... j'avais pas du tout envie d'être un boulet non-désiré.

- Evidement, j'allais te le proposer ! En fait, je pense qu'on devrait commencer par la forêt et se rapatrier sur la plage quand il commencera à faire sombre, vaut mieux en profiter tant qu'on voit quelque chose !

Ouais, parce que l'ambiance foret-la-nuit, c'est sans moi.

-Je vais prendre un peu de hauteur, histoire de voir où on est à peu près.

Et là, Hisae a fait un truc vraiment pas habituel. Des ailes lui ont poussées dans le dos, deux grandes ailes blanches, et elle s'est envolée. Littéralement. Et après, on me dit que j'me fais des idées quand j'dis que cette fille est spéciale -enfin, personne ne m'a rien dit, simple façon de parler...-. Le seul truc, c'est qu'il y a eu une sorte de gros flash blanc, une très forte et très soudaine lumière et...j'ai fermé les yeux. Au même moment, y'a eu une sorte de bruit de choc...

D'accord. Beaucoup d'informations d'un coup. On recommence. Hisae est plus ou moins un oiseau -ou un ange, ou une descendante d'Hermes, au choix- et elle a voulu aller voir ce qui s'passe en haut, dans le ciel. Peu après, le flash lumineux d'origine non identifié. Conséquences, j'ai fermé les yeux, Hisae a du faire pareil, sauf que dans son cas, ne rien voir était problématique pour éviter les branches d'arbres. Donc le bruit sourd juste après était...le bruit de sa chute.

- Merde ! Ça va, rien de cassé ?

J'me suis précipité à cotés d'elle. A première vue, rien de super grave...sauf qu'elle s'est cognée la tête vachement fort, vu la hauteur. Et elle a du s'égratigner pas mal avec tout les branches...merde...J'aurai du prévoir des pansements, ou une sorte de mini trousse au cas où...Arg...j'assure pas là ! J'espère qu'elle a aussi "guérison rapide" dans ses supers pouvoirs, parce que je n'ai aucun rudiment d'infirmerie, et rien pour faire un bandage ou une attelle -si, j'ai un T-shirt de rechange ! Ça me dérange pas de le sacrifier si besoin- et même si j'en avais, comment savoir où elle a mal ? Moi, ça me stresse. D'un coup, l'endroit est moins agréable, j'm'en sens mal, oppressée. Je pensais avoir une compagnie rassurante, et d'un coup, elle est mal en point et moi...et moi...

- Allez Hisa', réveille toi, ça va aller...

Pas question de la déplacer, mais si je dois allez chercher de l'aide ? Auprès de qui, il n'y a aucun prof !

Surtout, ne pas paniquer. Concrètement, elle est juste tombée et elle a juste du se cogner la tête. Ouais, en gros, Hisae risque une commotion cérébrale, ou un traumatisme crânien, ou quelque chose d'effrayant dans ce genre là. Non, il n'y a absolument aucune raison de céder à la panique. Ne suis-je pas une autorité responsable ? En service qui plus est ? N'ai-je pas un moyen d’appeler les secours au cas où ma partenaire -notre collaboration n'aura pas fait long feu...- se viderai de son sang par le haut ? Si, mais il n'y a pas de réseau sur ce caillou. Sérieusement, pourquoi j'ai pas fait de module "secourisme" tant que j'pouvais ? Aaah... ça m'énerve de ne pas pouvoir assurer, mais ce n'est pas moi là plus mal en point ! Fort heureusement, elle ne saigne pas abondamment -pas autant que dans les catastrophiques épisodes de Doctor House-, c'est déjà bon signe. Non parce que la marre de sang, ça m'aurait achevé. Déjà qu'avec mes deux malheureux neurones, j'arrive pas à choisir entre aller chercher de l'aide -comprenez, l'abandonner, courir partout en criant, très efficace- et m'en occuper moi-même -ça sonne bien, dit comme ça, mais y'a rien derrière...-, vous imaginez en d’hémorragie ?

Non, je n'ai pas oublié le coté surréaliste de cette scène. Hisae aux jolies oreilles a déployé ses grandes ailes blanches pour prendre un peu de distance, et est violemment retombé, sans doute éblouie par ce grand flash blanc inexplicable. Je ne suis pas experte en esprits, vampires et autres farfadets mais je pense pouvoir faire la différence entre le rationnel et l’irrationnel. Et même si j'ai vécu quelque temps en Amérique, je n'explique pas chaque phénomène que je ne comprends pas par un complot extraterrestre et le fait que mon anniversaire soit prévu juste pour la fin du monde ne m'a pas fait acheter un bunker -que je ne peux pas me permettre, soit dit en passant-, c'est pourquoi non, Satan et son éclair blanc -mince, le diable et la blancheur, ça la fout mal, nan?- me préoccupe un peu moins qu'une blessure concrète. Cela dit, si Hisae pouvait être un ange auto-gueriseur, ce serait plutôt cool. Soyons réaliste, tout ce qu'il y a à faire est rester avec elle jusqu'à ce qu'elle se réveille, aviser en fonction, et la protéger d'éventuelles menaces. Parce que c'est tout ce que je puise faire.

Bruits de pas à 12h. Pitié, que ce ne soit pas une entité surnaturelle... Non, juste un type à peu près normal. Brun, avec des lunettes, l'air plutôt sympa. Il s'est tout de suite avancé vers Hisae et...ok, ce type est la Providence. Il a un kit de secours. Personne ne dit rien, c'est le silence total, les oiseaux ne chantent plus. Mais comme c'est l'autorité la plus compétente du quoi, je n'ai pas de raison de le rejeter, en plus, s'il sait se servir de son sac à croix rouge, c'est tout bénef' pour nous.

"Je suis le professeur Himegasaka. Ne vous inquiétez pas, je vais la soigner."

J’acquiesce silencieusement et m'éloigne un peu de l'inconsciente. Il lui prend le pouls et semble soulager. J'essaye de mémoriser la manière dont il l'ausculte, vérifier le pouls, la respiration. Puis les points critiques, la tête, les épaules, les ailes -ouch que c'est bizarre de dire ça...-. Il fait bien attention à ne pas trop la bouger, ce qu'il me fait remarquer. C'est au moins un truc de base que je savais...Il s'occupe enfin des bleus et des écorchures. Je pense qu'il n'y a rien de grave, mais il n'y rien d'autre à faire qu'attendre.

Et j'ai pas vraiment envie de lui taper la causette. En fait, ça me dérange d'être ici. D'abord, je ne suis pas exceptionnellement sociable, donc, je n'aime pas faire le premier pas vers quelqu'un d'aussi impressionnant. Impressionnant, parce qu'il gère là où je n'ai su que paniquer. Je préfère l'observer, même si ce n'est pas très poli de le fixer. Comme d'habitude, je reste un peu en retrait. Il est donc professeur...sans doute d'une matière scientifique, sinon, il ne serait pas aussi prévoyant -et habile- et surtout, il ne serait pas enchanté de venir crapahuter. Ça me rassure, y'a donc des profs...Il a l'air plus âgé que moi, mais relativement jeune néanmoins. Lui, c'est le genre compétent, tout ses gestes étaient mesurés, sans hésitation. De plus, malgré le cliché prof-à-lunette, il n'a pas l'air "faible", il paraît plutôt sportif. Et relativement engagent. Bref, c'est l'homme de la situation. Tout de suite, ça me rassure qu'il soit là, parce que je connait mon inutilité -prouvée il y a quelque minute- et qu'elle me gêne d'autant plus que je ne suis pas seule. Si encore j'étais la seule à être blessé, tant pis, mais j'aurai aimé pouvoir faire quelque chose pour Hisae. Maintenant, je sais que s'il lui arrive autre chose, même si je reste sur la touche, lui, non.

"Ouah, ma tête !..."

Hisae s'est réveillée ! Enfin, elle est en train. J'évite le sempiternel et idiot "Ça va ?" et lui laisse le temps de reprendre ses esprits. Elle tente de se redresse, mais c'est une mauvaise idée, et se rallonge.

"Euh, excusez-moi mais... Qui êtes-vous ?"

Ça me fait sourire, elle est méfiante. Avec raison, d'un coté, mais s'il était mal intentionné, il ne l'aurait pas soigné. Apparemment, il est "cool" -waouh, je sens les bonnes et les mauvaises ondes maintenant?-. Nouvelle tentative, c'est la bonne, elle est debout, et à déjà une attitude défensive. J'essaye de lui faire un sourire du genre ne-t'inquiète-pas-tout-est-sous-contrôle, mais je n'en mène pas large moi-même, alors bon, on va éviter de trop la ramener.

"Quelqu'un ici sait ce qui viens de se passer ?"

J'en sais rien, mais je pense que je devrais intervenir avant qu'elle ne l'attaque. On a aucun élément concret et même en tentant d'analyser les faits, ça s'est passé trop rapidement. On voit plus ou moins le ciel ici, et pas de trace de nuage. Donc ce n'était pas un éclair d'orage. On est encore en pleine journée. Ça ressemblait au brusque allumage de ces énormes éclairages autour des stades, mais j'ai absolument pas vu de telle installation.

"Hum, monsieur Himegasaka ici présent est professeur, et il t'a soigné. Moi c'est Lawrence, en passant, rajoutai-je pour Monsieur-le-professeur, on ignore l'origine du flash, en tout cas, c'est pas un éclair naturel ou un truc météo', ça ne sent pas très bon, je trouve. Hisae, si ça ne va vraiment pas, je ne pense pas qu'on soit obligé de continuer, mais je ne sais pas comment rentrer. Vous préférez qu'on continue ?"

Perso, ça m'est égale. Je n'ai pas particulièrement peur, je me sens juste un peu mal à l'aise. C'est pour ça que j'essaye d'être le plus attentive possible. Rien ne dit que retourner sur la plage est possible, ou conseiller. Mais seule ma curiosité me pousse à continuer. J'ai débité ça un peu vite, mais pas trop confusément. J'aurai avoir son prénom, à notre sauveur, au lieu de devoir rappeler son titre par politesse, même si c'est lourd, mais je pense que c'est un peu cavalier, et comme je suis frileuse. Comme je m'adressai à deux personnes en même temps, il a fallu établir un contact visuel -traduction, impossible de contempler ses pieds- et ça m'a demandé un petit effort. Parlons peu, mais parlons bien.

Elle s'était réveillée plutôt rapidement. C'était bon signe, elle n'avait donc probablement aucune contusion à la tête que le professeur n'aurait pas vu. La chute n'avait pas du être assez rude pour affecter le cerveau, ses yeux bougeaient vite (allant de lui à la surveillante, au décor environnant). Si elle était capable de raisonner correctement, alors elle n'aurait rien à craindre à part peut-être quelques douleurs aux endroits de son corps qui avaient prit l'impact.

- Ouah, ma tête !... gémit-elle.

Oui, en effet, elle risquait probablement d'avoir la tête comme un tambour. En outre, la perte de connaissance était réputée pour, en faisant perdre les repères spatio-temporels, perturber l'individu. Elle allait probablement se demander où elle était, ce qu'elle faisait là, ce qui s'était passé... Évidement, le professeur Himegasaka n'allait pas lui expliquer le flash. C'était leur épreuve, et il avait d'autres choses à examiner encore, d'autres annotations à faire, d'autres croquis. Le phénomène était unique, rare, et il en profiterait autant qu'il pouvait. C'était pour ça qu'il était là, et la protection des élèves était... Eh bien, c'était une question épineuse. Certes, sa conscience morale le poussait à les soigner, les aider, mais elle ne dépasserait peut-être pas sa passion souvent qualifiée d'"obsessionnelle". Enfin, il espérait ne pas trop avoir à se poser la question, à part bien sûr au dernier moment. La jeune fille s'était assise, et semblait avoir plutôt bien récupéré son équilibre, c'était le meilleur des signes qui lui restait à avoir pour la décréter en bon état : elle n'avait aucun hématome interne. Avec les modifications organiques des élèves ici (et même des professeurs), il était très délicat de constater simplement des dégâts internes, mais les connaissances biologiques de Kyo Himegasaka lui permettaient d'avoir des déductions logiques appréciables.

-Euh, excusez-moi mais... Qui êtes-vous?

Elle le scrutait désormais d'un regard inquisiteurs, plus que curieux, méfiant. L'esprit rationnel de Kyo se réjouit encore : logique, soucieuse de combler le manque de repères. Si tous les élèves étaient aussi autonomes, débrouillards et soucieux de leur indépendance, cette épreuve serait un régal pour lui, et il pourrait observer à loisir l'île sans se soucier d'eux. Il jeta un rapide coup d'oeil à la surveillante : elle était visiblement soulagée qu'il ait été là pour aider à la soigner (même s'il n'avait pas fait grand chose), et indécise. La jeune fille réussit enfin à se lever, elle s'était appuyée cependant. Satisfait, il se releva aussi, et se força à ne regarder qu'elle, pas l'environnement en mutation, elle, c'est tout. Je dois me concentrer sur elles. Après seulement je pourrais faire ce que je suis venu faire.

- Quelqu'un ici sait ce qui viens de se passer ?

La jeune fille plus âgée pût enfin intervenir, et expliqua brievement la situation, tentant de dissiper l'aura de méfiance et d'hostilité :

- Hum, monsieur Himegasaka ici présent est professeur, et il t'a soignée. Moi c'est Lawrence, en passant, ajouta-t-elle dans sa direction (il fis un rapide signe de tête en réponse), on ignore l'origine du flash, en tout cas, c'est pas un éclair naturel ou un truc météo', ça ne sent pas très bon, je trouve. Hisae, si ça ne va vraiment pas, je ne pense pas qu'on soit obligé de continuer, mais je ne sais pas comment rentrer. Vous préférez qu'on continue ?

Ainsi, elle l'incluait naturellement dans le groupe. Il était sûr de ne pas vouloir rester avec elles : à ses pieds se trouvait probablement un spécimen unique et captivant de plante modifiée, et s'il baissait son regard dessus... Regarde les, Kyo, et quand tu as fini pars poliment.

- Hisae, je t'ai examinée, tu n'as rien, quelques écorchures mais c'est tout. Rien d'interne non plus. Je n'ai rien à dire non plus au sujet du flash, ce n'est sans doute pas un phénomène naturelle mais après..., admit-il en haussant les épaules d'un air qu'il voulu perplexe. Continuez si vous voulez, mais je pense que je vais... Oh ! s'exclama-t-il alors.


Il s'accroupit précipitamment, et avec précautions et brusquerie caressa une pousse de Taraxucum, plus communément appelé pissenlit ou dents de lion, teintée de rose. Il sortit d'une grande poche de son pantalon un carnet à dessin et un crayon impeccablement taillé, et en fit en quelques secondes un dessin impressionnant de réalisme : le capitule portant les fleurs et la bractée,, et des annotations d'échelles et de coloris sur le côté, il alla même jusqu'à faire les reflets de couleurs en graphite estompé. Il dessina à côté un dessin de haut, tout aussi sidérant de précision, comptant avec soin les fleurs pour reproduire au détail près le pissenlit, puis rajouta sur une autre feuille la disposition du sol à cette endroit, précisa le lieu et l'heure, regarda sur sa montre et rajouta "+9;45" pour le temps depuis le flash, et enfin écrivit le nom latin de la plante. La scène avait dû prendre une grande minute seulement. En levant son regard pour s'excuser, il entr'aperçut un magnifique lichen sur un arbre environnant. Le lychen était la symbiose entre une algues unicellulaire et un champignon son évolution devait être extremement particulière ! Il se releva en toute hâte. Il se mis devant, et recommença une série de croquis.

"Hisae, je t'ai examiné, tu n'as rien, quelques écorchures mais c'est tout. Rien d'interne non plus. Je n'ai rien ç dire non plus au sujet du flash, ce n'est sans doute pas un phénomène naturel mais après..., il haussa les épaules, peu concerné. Continuez si vous voulez, mais je pense que je vais...Oh !"

Dès coup, son visage passa de "Je m'embête, je m'en fiche de leurs histoire, je veux faire autre chose..." à "Oh mon dieu, un diamant !" en encore, encore plus heureux, comme Noël, sa fête et son anniversaire en même temps. On aurait dit qu'un rayon de lumière divin illuminait soudainement ses traits. Vraiment soudainement, il s'est mis à courir partout, en direction d'un cailloux couvert de -ô joie!- fort intéressante et captivante...mousse. Que voulez-vous, les scientifiques, toussa. Même si j'ai l'impression d'être en pleine BD. Môsieur sort son petit carnet, le petit crayon adéquat et commence à croquer avec une infinie concentration la mousse de ses rêves. Il doit y avoir une certaine poésie, et une passion vivace dans ce qu'il fait. Parce que la manière dont il le fait est extra'. Les yeux plissés, tentant de saisir chaque détail, le coup de crayon appliqué, même dans les ombres et les traits fins... Je le sais, parce que je me suis approché un peu -il s'en fiche, il a d'autres centre d’intérêt, de quoi être jalouse d'un cailloux ! A moins que ce soit la fleur ? Tout est fait comme si c'était le plus important ! Il rajoute même les coordonnées horaires et géographiques ! Un vrai pro' ! J'admire un peu.

Ah ! C'est fini. Il lui a fallut quoi, une minute à peine, pour concentrer toute les informations qu'un néophyte ne déchiffrerait même pas à propos d'une plante d'à peine une dizaine de centimètre ! J'adore les gens passionnés, ils sont rafraichissants. Aussitôt détourné de sa passion floral, un nouveau cailloux l'interpèle, désire ardemment une analyse immédiate et complète, et allons-y, nouveau croquis !

Hisae l'observe avec la même curiosité que moi. Attention, ce type est un phénomène.

"Puisqu'on ne peut pas retourner vers la plage, pourquoi ne pas chercher d'où provient ce flash ? Comme ça on a un objectif et on saura la vérité ! Puis ça nous évitera de rester planté ici à rien faire."

Pas envie de retourner à la plage. Et ma curiosité ne cesse de grandir, avec une petite pointe de peur que j'essaye de réprimer. L'appréhension, c'est le masque du froussard, on va tenter de faire preuve de courage, pour une fois ! Courage, j'ai dit, même si une partie de moi pense "témérité". Mon albinos préférée a dit ça avec une sorte de fausse discrétion, en feignant de s'adresser à moi uniquement, mais en parlant assez fort exprès pour que le scientifique l'entende. Elle aurait pu hurler, ça ne l'aurait pas fait bouger d'un iota. Je sourit. Il n'est pas planté là à rien faire, il observe.

"Pas faux. Je vote pour. On y va ?"

Retour aux choses sérieuses. Je reprends mon sac et le balance sur mon épaule, en jetant un dernier coup d'oeil au professeur, définitivement peu intéressée par notre discussion. Alors, l'Ouest ? L'Est ? Le Nord ? Le Sud ? J'y vois aucune différence. Par où commencer ?

[Pardon pour ce post inhabituellement court ><']

Oh mon dieu, ce lichen suffirait à prouver à mes confrères l'effet immédiat du flash, la mutation s'opère déjà, et si j'en prélevai un bout son génome serait... Ah, mince. Eloigné des radiations, alors ce serait... Mais non ! Au contraire ! Ce serait un cas d'école, un cas unique ! Je devrais aussi prendre des échantillons de... Il s'arrêta en plein élan, alors qu'il coupait précautionneusement des échantillons de lichen. Il ne pouvais pas prélever toute l'île, mais c'était regrettable. Derrière lui, les deux jeunes filles se demandaient quoi faire :

- Puisqu'on ne peut pas retourner vers la plage, pourquoi ne pas chercher d'où provient ce flash? Comme ça on a un objectif et on saura la vérité! Puis ça nous évitera de rester planté ici à rien faire.

Elle avait la bonne démarche, cette fille, c'était bien. Évidement, c'était dangereux mais elles ne pourraient avancer que comme ça. En même temps qu'il acquiesçait intérieurement, il enchaînait toujours les croquis. Le phénomène se stabilisait, et il recensait plus des exemples que des cas particuliers. Rien, pourtant, ne l'aurait distrait de sa tâche : les exemples seraient précieux une fois le phénomène, si rare, passé.

- Pas faux. Je vote pour. On y va ?

Eh bien, elles allaient s'en sortir s'en doute. De la volonté, de la détermination, de l'endurance. Parfait. Alors qu'il passait d'un bourgeon à une fleur à ses pieds, sa tâche première lui revint en tête : la protection des élèves. Il se retourna rapidement : elles étaient toujours là. Il devait les suivre, c'était son travail. Mais la science, son travail, sa passion... Alors qu'il se débattait avec sa raison, l'évidence s'imposa à lui : plus il s'approcherait de la... de l'endroit du flash, plus les cas seraient impressionnants, précis, mutés ! Il s'en voulut d'avoir failli les laisser partir sans lui, et le Kyo Himegasaka consciencieux fut ravi qu'il les accompagne.

- Mesdemoiselles, je vais vous accompagner, si vous y aller ! Puisque je suis tombé sur vous, autant que je vous suive, non ? (Même à ses yeux, cette phrase semblait faiblarde. Il se ressaisit, et dit avec ce ton de passionné qui faisait rire ses collègues : ) Plus on avancera, plus les végétaux seront captivants ! Bon, si je m'arrête pour les recenser, je m'en excuse d'avance. Mais, vous comprenez, la science est une passion prenante, et l'évolution des plantes demande une étude rigoureuse si on veut la comprendre.

Il rangea avec difficultés son calepin et son crayon (pourquoi ne pouvait-il pas dessiner rapidement tout ce qui était autour de lui ?), et les regarda avec un sourire amical. Il était prêt à les suivre, même à les laisser décider de la direction, mais en même temps il serait un allié de taille : il ne pourrait les laisser s'éloigner du flash, puisque c'était là qu'il voulait aller.

Kyo est face à un dilemme cornélien. La raison ou la passion. Nous suivre, faire son boulot chiant de protecteur ou suivre son coeur, continuer à croquer des plantes vertes ! J'adore ce mec, j'ai l'impression que tout se lit sur son visage. Il m'est franchement sympathique. Et en plus il est utile. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme ça. A part le professeur Tournesol, dans...J'ai oublié. Pourtant, Hisae semble décidée à partir sans lui. Elle a déjà commencé à marcher.

"Mesdemoiselles, je vais vous accompagner, si vous y aller ! Puisque je suis tombé sur vous, autant que je vous suive, non ?"

J'ai la nette impression qu'il se force. Vraiment. Ou alors le doublage est mauvais. Dans les sous-titres, c'est plutôt: "Non, je veux rester làààà ! Je veux pas y aller !"

"Plus on avancera, plus les végétaux seront captivants ! Bon, si je m'arrête pour les recenser, je m'en excuse d'avance. Mais, vous comprenez, la science est une passion prenante, et l'évolution des plantes demande une étude rigoureuse si on veut la comprendre."

Ah ah ! Tout s'explique ! Encore une fois, je me retiens d'éclater de rire. Si ça, c'est pas d'la passion. Et prenante en plus, c'est le mot. Presque un handicap dans son cas. Il range à contre coeur son attirail et nous lance un sourire amical. Ses élèves doivent l'adorer. Ou le trouver complètement fou. Ou les deux. Au moins c'est pas le vieux prof' aigri qui a passé beaucoup beaucoup trop de temps au milieu de ses expériences. Je suis sûre que ses élèves le lancent dans un délire quelconque pour pas faire cours, mais si, vous savez. Ils font tous ça. Faire comme si une digression les intéressait pour faire diversion, alors que pas du tout ! Kyo est juste le meilleur sujet à ça. Je sais qu'il a une idée derrière la tête. Si on connait l'origine, il pourra croquer ses machins jusqu'à ce que mort s'en suive. L'avantage pour nous, c'est qu'il ne va pas nous laisser nous paumer ou perdre du temps. Chacun y trouve son compte.

Hum. Je ne me souviens plus exactement d'où provient cette lumière, mais je pense que si on va vers cette montagne, on pourra se repérer plus facilement. Non?

Ça veut dire qu'on va grimper ? Sans doute. Boarf, j'ai de bonnes chaussures. Et c'est la direction que je comptais prendre. Son raisonnement est parfaitement logique. Et il serait temps qu'on bouge mine de rien. J'ai peur d'être surprise par la nuit en mauvaise posture. Oui, j'ai peur des forêts la nuit. Vous connaissez pas Slender ? The Village ? N'importe qu'elle slasheur movie ?

"Go ahead, leader !" dis-je en lui emboitant le pas.

Elle a (in)consciemment prit la tête des opérations. Déjà tout à l'heure, c'est elle qui prenait des initiatives. Pas que ça me dérange, pas du tout. Ça me surprends parce qu'elle paraissait plus réservée, moins "travail en groupe" alors je l'encourage un peu. Je suis un mouton.

- Hum. Je ne me souviens plus exactement d'où provient cette lumière, mais je pense que si on va vers cette montagne, on pourra se repérer plus facilement. Non? proposa Hisae.

Décidément, les choses avancent plutôt vite avec elles. La montagne n'est certes pas l'endroit où il faut se rendre si on cherche la source du flash lumineux, Kyo le savait, mais la direction qu'elle montrait était grosso modo la bonne, alors il se contenta de sourire en hochant rapidement la tête. Elle prenait des initiatives (Ne pas regarder le frémissement de la branche au dessus de moi), elle utilisait sa mémoire et sa réflexion (Ne pas regarder ces étamines), elle voulait arriver quelque part et (... ces étamines ne doivent pas attirer mon regard) n'hésitait pas à formuler ses idées (ne regarde pas ces étamines !), son attitude était assez productive (il était encore trop tôt pour dire fructeuse).

- Go ahaed, leader ! répondit en lui emboitant le pas la surveillante, visiblement consciente qu'Hisae prenait les décisions mais pas gênée par ça.

D'une certaine façon, tant que les décisions prises sont bonnes ou meilleures que le reste proposé, hein. Kyo se mit donc à les suivre, incapable cependant de détacher son regard de tout ce qui, autour de leur petit groupe, accrochait sa vue. Incapable, plutôt, d'empêcher ses yeux avides de scruter les moindres détails. Les mutations se faisaient plus fréquentes, visibles, notables en fur et à mesure de leur progression, et il devait prendre sur lui pour ne pas sortir à nouveau son calepin. Un coup d'oeil suffisait à appréhender la richesse et la complexité du cadre, pas à le mémoriser, l'étudier, et encore moins rassasier le professeur. La main serrée sur son crayon, dans sa poche, il tenait bon ce combat intérieur (tout en sachant pertinemment qu'il ne tiendrait pas très longtemps ; sa volonté se résumait en un leitmotiv : Ce sera mille fois plus passionnant encore quand on sera presque arrivés). Il aurait bien aimé discuter, pour se distraire et savoir un peu ce qu'elles pensaient de la situation actuelle (pour lui, qui connaissait le fin mot de tout ça, les théories des autres pouvaient être intéressantes),
En même temps, s'ils en parlaient, il pourrait laisser transparaître qu'il savait l'explication de tout ça, et la situation pourrait alors devenir un peu délicate pour lui. Peut-être pas, il n'en savait rien, mais il préférait garder leur entière confiance.
Donc, trouver un sujet à lancer, délicat.
Il était de toute façon toujours maladroit quand il s'agissait de parler de tout et de rien avec des gens. Et lancer un sujet de conversation ? Pire encore ! Sauf s'il s'agissait de biologie. Mais là, parler de ce qu'il voyait, c'était augmenter son envie de s'arrêter... Finalement, il trouva un sujet intéressant et neutre :

- Comment s'est passée la première partie de l'épreuve ?

Il les regarda avec un certain intérêt. Il n'avait pas pu superviser cette partie-là, mais c'était une tâche intéressante à leur confier. Ils continuaient de s'enfoncer vers la montagne, et allaient d'un bon pas.

- Go ahaed, leader !

Je jetais un coup d'oeil à Law'. Leader? J'ai vraiment une tête ou un caractère de leader? Bah au pire, si elle tient à m'appeler comme ça, qu'elle fasse. Je sens que cette aventure va être amusante...
On commençais alors à s'enfoncer petit à petit dans la forêt, vers la destination choisie. Plus on avançait, plus je sentais que quelque chose n'allait pas dans cette forêt. Mais je n'arrivais pas à dire quoi. Je laissais donc passer, tout en restant cependant sur mes gardes. Continuant notre marche, je me tournais vers le prof. Il regardais de tout les côtés, observant les moindres plantes qui osaient montrer un bout de feuille. J'hésitais du coup à lui demander si il savait ce qui était différent. Il semblait tellement absorbé... Du coup je me résignais et continuais ma route. Je repensais à ce prof, quand même, qui ressemblait à un gosse  devant toutes ces plantes. j'en souris et me dis qu'il aimerait peut-être garder deux trois souvenirs des plantes se trouvant ici. Je m'apprêtais donc à me retourner pour lui dire que s'il voulait, on pouvait s'arrêter deux minutes le temps qu'il prenne quelques croquis. Mais il ouvrit en premier la conversation.

- Comment s'est passée la première partie de l'épreuve ?

Aïe. Un sujet que je n'aurais franchement pas voulu aborder, vu comment je l'ai passé... J'aurais encore préférer qu'il nous parle de notre année scolaire, bien que je n'en ai quasiment pas eu...

-Perso c'était pas un franc succès... , dis-je avec un sourire gênée au lèvres.

Non. Vraiment pas. C'était même un échec cuisant. Un peu plus et je n'atteignais jamais l'île... Rien que d'y penser ça me foutait le moral en l'air. mais peu importe!

-Enfin, on ne peut pas être bon partout. Et toi Law'?


[Yeaaah! Enfin je l'ai postée! Navrée du retard, mais comme le dis si bien l'adage, "mieux vaut tard que jamais" ... Je l'utilise bien souvent celui-là d'ailleurs en ce moment]

J'aime bien marcher, et j'aime bien mes chaussures. Hum ? Ma remarque est superficielle ? Non, pas du tout. Elle est pragmatique. J'explique. Il se trouve qu'à l'origine, les rangers étaient faites pour marcher sur des sols accidentés, ou glissants, bref, des endroits pas trop commodes avant de devenir un effet de mode récupérés par les punks et autres gens vestimentairement respectables. Donc, faire de la randonnée -parce que oui, se balader dans une montagne avec de la forêt, ou une forêt en montagne, ou une montagne/forêt, c'est déjà de la randonnée pour moi- avec des rangers, ça en devient presque agréable. J'aime le bruit des petits branches, de la mousse, sous mes semelles, le fait qu'elles adhèrent parfaitement à la terre me rassure. Et c'est le seul fait rassurant dans cette situation, alors j'y tiens tout particulièrement. Parce que même si je n'aime pas les forêts en général, je n'aime pas cette forêt en particulier, plus nous avançons, et plus mon mauvais pressentiment initiale s'accentue, sans que je sache si c'est juste ma paranoïa habituelle ou une incitation instinctive à fuir. Je n'écoute pas plus mon coeur que ma raison, cette dernière étant dévorée par mes intuitions et autres pensées tourbillonnantes, sachant que les deux me poussent à la lâcheté. Je préfèrerais que mes coéquipiers parlent, ça me sortirait de ma négativité.

"Comment s'est passée la première partie de l'épreuve ?"

Je souris. Mon souhait s'est réalisé ! C'est une très jolie tentative de conversation, c'est presque mignon. En plus de faire attention à ses plantes, il fait attention aux gens, Kyo Himegasaka, vous êtes sans doute quelqu'un de bien. Je me dois d'apporter ma contribution à ce gentil essais. Mais que raconter ? Comment j'ai lamentablement abandonné l'idée de m'inscrire, parce que j'étais parfaitement incapable rien que de tenter l'aventure ? Parce que j'ai stupidement peur de l'eau et que je ne voulais pas me ridiculiser parce que je ne peux pas tenir cette distance ? Dois-je vraiment formuler ma pitoyable manoeuvre pour atteindre l'île quand même, mon mensonge -quand je pense que j'ai promis d'arrêter...- qui n'a pas tellement pris ? J'ai honte. Franchement, j'ai honte. Même devant moi même, même dans ma tête, je ne vais pas leur raconter ça.

"Perso c'était pas un franc succès..."

Il y a de la gêne dans sa voix.

"Enfin, on ne peut pas être bon partout. Et toi Law' ?"

C'est ça, on ne peut pas être bon partout. Elle a raison, ce n'est pas juste une excuse. Mais je pense qu'au moins, elle l'a fait, elle.

"Hum, c'était pas glorieux, je préfère la terre à la mer ! Et vous professeur, vous étudiez la flore sous marine avec autant d'attention celle du bois ?"

Je ne sais pas s'il a passé l'épreuve. Je ne pense pas, alors ce n'est pas la peine de lui demander. En revanche, on peut toujours se raconter nos vies, ça passera le temps.

[Ecoute, c'est pas moi qui te contredirais ! L'essentiel, c'est de participer ? ]